La démographie ou la vie

S’il y a une discipline universitaire qui paraît abstraite, c’est bien la démographie. Sérieusement, quelle famille a 1,63 enfant ? Qui a déjà compris comment lire une pyramide des âges ? Et pourtant. Bien plus sûrement qu’une boule de cristal, ces chiffres un peu cryptiques peuvent annoncer le destin d’un pays.

Parce que oui, bad news : avec un taux de natalité de 0,7 %, la Corée du Sud est DEMOGRAFUCKED – et sa population aura quasiment disparu en 2060. 

Et ce n’est même pas une blague ! Comment c’est possible ? La tendance est-elle réversible ? Aujourd’hui, Spoune plonge sa cuillère dans les petits pots pour bébés – tant qu’il en reste.

Notre Spounsor du jour : Club Landoy

En France aussi, la population vieillit. Et tout miser sur le système actuel de retraite par répartition, c’est un peu jouer à chat-perché sur un glaçon… Pour mieux préparer notre avenir, le Club Landoy s’est donné une mission : sensibiliser et donner à tous des outils pour anticiper son avenir financier. Le 20 novembre prochain, ils organisent « T’as vu ton net », un évènement gratuit avec des ateliers ludiques pour décoder votre fiche de paie, anticiper vos revenus à la retraite, savoir choisir entre l’assurance-vie et le plan épargne retraite… Bref, tout pour prendre en main votre destin financier – et ça, ça nous parle. Pour réserver vos places, c’est là.

Euh ça va la parano Spoune ? D’où la Corée du sud devrait-elle disparaître ??

En l'occurrence, la démonstration est simple puisqu’il suffit d’une simple opération mathématique. Même pas une équation balèze, hein, juste une division. 

En ce moment, le taux de natalité de la Corée du Sud est de 0,7 enfant par femme – soit le chiffre le plus bas jamais enregistré par aucun pays. Comme le résume brillamment cette vidéo, le taux de natalité s’est écroulé à un rythme sans précédent : 

• 1950’s : 6 enfants femme
• 1980’s : 2,7 enfants femme
• 2023 : 0,7 enfant par femme

Concrètement ? Ça veut dire qu’en moyenne, il faut 4 adultes sud-coréens pour avoir 1 seul enfant. Soit, à chaque génération, une population divisée par 3. 

À partir de là, la machine démographique s’emballe hyper vite : 

• 1ère génération : 100 
• 2ème génération : 36
• 3ème génération : 13

En gros, d’ici 2060, pour 100 grands-parents, on ne comptera plus que 13 petits-enfants… dont 1 seul de moins de 5 ans... Non seulement ça risque d’être tristoune à la sortie de l’école maternelle, mais ça compromet bien évidemment les retraites, l’économie, l’armée… 

Bref, le fonctionnement de toute la société. 

Suggestion, Spoune : si on passait Love to love you baby sur des enceintes géantes à Séoul ?

C’est toute la question : pourquoi les sud-coréens ont-ils arrêté de faire des bébés ? Ce qui est sûr, c’est que la Corée du Sud a connu, en quelques décennies, un développement aussi dingue que la K-pop.

Si, en ce moment, la Corée du Sud est à la fois aussi super productive, super créative et super riche, c’est parce que ses jeunes adultes ne font que bosser. Récemment, le Gouvernement a même proposé de faire passer la durée légale maximum de la semaine de travail de 52h… à 69 !

Ajoutez à ça :

• des salaires assez faibles
• un prix de l’immo élevé
• des politiques familiales très peu incitatives
• une énorme inégalité des sexes dans la répartition des tâches ménagères
• une société patriarcale si oppressante qu’elle a déclenché une véritable guerre des sexes, entre  réaffirmation masculiniste d’un côté et féminisme intransigeant de l’autre – incarné notamment par le mouvement 4B : 
  
  • Biyeonae : refus des relations romantiques avec les hommes
  • Bisekseu : refus des relations sexuelles avec les hommes
  • Bihon : refus de se marier avec les hommes
  • Bichulsan : refus d’avoir des enfants avec les hommes

Mélangez le tout, secouez, et vous obtenez ? Un joli cocktail explosif anti-bébé (#1) !

Que seules des politiques publiques hyper volontaristes, notamment en matière de droits des femmes, pourraient modifier – mais ça prendra, dans tous les cas, du temps. Et, accessoirement, sans doute une énorme crise… 

Et en France, on en est où ? 

Même si la natalité française est une des plus dynamiques d’Europe (1,62 enfant par femme contre 1,1 pour l'Espagne, 1,2 pour l’Italie et 1,4 pour l’Allemagne), la population vieillit. Au premier semestre 2025, on a enregistré 2,2 % de naissances en moins qu’à la même période en 2024. 

Les raisons sont assez proches de celles qui touchent la Corée. Le coût d’avoir un enfant a même tellement augmenté que les études observent un grand changement : avoir une famille nombreuse est devenu un privilège de riche (encore un…) 

Alors que, historiquement, les familles les plus modestes étaient les plus nombreuses, on observe désormais l’inverse – par exemple à New York où avoir trois enfants est devenu un ultra-luxe : 

• Appartement 3 pièces : $7 000/mois
• Crèche ou éducation pour 3 enfants : entre $50 000 et $100 000/an

Bref, comptez déjà 150K/an juste pour la logistique de vos enfants…

Damn Spoune. Alors ça y est, même les enfants sont devenus un problème de riches ? 

Attendez le coup fatal : la crise de la fertilité. Et c’est HUGE. Selon une méta-étude israélienne (méta-étude = étude rassemblant les données disponibles dans le monde entier), entre 1973 et 2018, la concentration moyenne en spermatozoïdes chez l’homme a été divisée par deux, passant de 100 millions/ml à 49… 

Les raisons ? Là encore, c’est un deuxième cocktail explosif anti-bébé (#2) : 

• mode de vie : tabagisme, obésité, stress, binge drinking…
• perturbateurs endocriniens : plastifiants ou métaux lourds (comme le plomb)

La concentration moyenne des gamètes mâles pourrait même atteindre 15 millions/ml en 2060, soit un niveau à partir duquel la reproduction humaine deviendra très, très compliquée… 

Damn Spoune. On dirait un film qui s'appellerait “Chérie, j’ai oublié les gosses”. 

Oui. Alors voici quelques tutos conseils pour amortir le coût d’un bébé et mettre tous les langes de votre côté : 

• La famille, c’est sacré : vivre à côté de chez vos parents ou beaux-parents peut vous enlever une belle aiguille du pied. 
• Déménager, à la campagne : vous aurez plus de surface, de l’air pur et des produits locaux. Et peut-être même un jardin pour vos bambins.
• Aller à l’église : c’est (presque) sérieux. Au Royaume-Uni, certaines familles décident de fréquenter des paroisses locales pour avoir accès au privé religieux – financièrement bien plus accessible que le privé indépendant.
• D’autres idées ? écrivez-nous à spoune@wearevirgil.com et on enrichira l’article en ligne !

CONCLUSION

Dans une autre Spoune, on vous parlait du coût d’avoir un enfant. Individuellement, tous les choix sont évidemment respectables. Mais d’un point de vue collectif, ne pas en avoir, ça peut clairement avoir un coût encore bien plus grand… Concernant la Corée, espérons une chose : qu’ils arrivent à Corée-ger le tir.