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GAFA vs états, le match

GAFA vs états, le match

Welcome to GAFAland : un pays merveilleux où tout le monde chante et danse au rythme des KPIs et du CA. GAFAland est à la(la) Silicon Valley ce que Lalaland était à Hollywood : une version idéalisée où, sur la carte du globe, les plus grandes entreprises du monde ont remplacé les états. 

En cette semaine de Black Friday, qui est aussi un peu la grande fête des GAFA, on s’interroge : sera-t-on un jour de nationalité Googlaise ? Habitera-t-on Metaville ou Microsoft City ? 

Dans la Spoune du jour, on se demande si les entreprises rachèteront un jour les pays. 

Notre Spounsor du jour : Gibus cycles

Black Friday, aka la journée des achats qu’on regrette sitôt reçu ? Sauf avec Gibus Cycles, la marque française qui fait des vélos pour enfants de 16 mois à 14 ans. Pourquoi vous ne regrettez pas ? Ergonomie et poids optimisés, cadres et fourches garantis 5 ans, livraison offerte, 1 mois d’essai offert avec retour gratuit… Gage de qualité, les vélos Gibus Cycles se déprécient très peu sur le marché de la seconde main (ce qui explique d’ailleurs qu’ils ne soient jamais soldés !). Bref, le meilleur vélo pour passer des relais fluides, au sein de la fratrie ou ailleurs ! Pour découvrir leurs vélos, cliquez là.

Mais Spoune, pourquoi cette question ?

Parce qu’avant même que Trump ne veuille s’offrir le Groënland, la question s’était déjà posée : en 1803, les Etats-Unis achète la Louisianne à la France pour 15 millions de dollars – un bon bail. Alors pourquoi une entreprise ne pourrait-elle pas racheter un état ?

Surtout que les plus grosses d’entre elles commencent à en avoir les moyens. Pour la première fois cet été, Nvidia a dépassé la barre symbolique des $5 billions de valorisation (c’est-à-dire $5 000 milliards). 

Suivie de plus ou moins près par les autres GAFAM : 

  • Microsoft : 3,79 billions
  • Alphabet : 3,47 billions
  • Amazon : 2,59 billions
  • Meta : 1,55 billion

Oulah Spoune ça fait beaucoup de zéros tout çà… 

Clairement, il y a de quoi s’y perdre. Surtout qu’entre billion et trillion, disons-le tout net : le français et l’anglais ne sont pas d’accord et c’est un peu le zbeul. 

D’où ce tableau récap’ : 

Et parce que les ordres de grandeur à ce stade deviennent forcément très flous, voici un petit rappel pratique : 

  • 1 million de secondes = 11 jours => vos dernières vacances
  • 1 milliard de secondes = 31 ans => l’âge du Spouneur moyen
  • 1 billion de secondes = 31 000 ans => la période allant du début du paléolithique supérieur et l’avènement d’Homo Sapiens à aujourd’hui 

Okay pour les zéros. Et d’ailleurs, ça vaut combien de zéro, un pays ? 

Le juste prix d’un pays ? Il y aurait deux manières de mesurer ça. 

Méthode 1 : la valeur de l'État. 

En simplifiant, on pourrait s’y prendre avec cette simple équation : actifs - passifs = valeur nette

Pour l’État français, en 2011, ça faisait par exemple 584 milliards d’euros. 

Pourquoi remonter aussi loin ? Parce qu’à l’époque, la valeur nette de la France était encore positive 😅. Depuis ? La dette a progressé, nos actifs se sont dévalorisé… et dans leur version 2024, les calculs sont nettement moins bons : 

  • actifs 2024 : 1 318 milliards
  • passif 2024 : 3 305 milliards
  • Résultat = 🚨

Et oui, on est dans le rouge, ce qui entraîne une dégradation de la note de la France par les agences de notation. Est-ce que ça veut dire que la France ne vaut plus rien ? 

Heureusement non, grâce à la méthode 2

Méthode 2 : la valeur du pays

Si la dette française continue à se creuser, c’est qu’on veut bien lui prêter de l’argent – et surtout, qu’on préfère prêter de l’argent à la France plutôt qu’à d’autres… parce que la France est riche. 

Car l’autre manière de calculer la valeur d’un pays, c’est de s’intéresser à sa richesse économique totale. Là, on ne parle plus juste de l'État, mais bien de la valeur cumulée de l’État, des ménages et des entreprises. 

Et là, la valeur de la France continue à progresser : de 13,6 billions (13 600 milliards, pour ceux qui suivent) en 2011, on est passé fin 2024 à quasiment 20 billions (malgré l’augmentation de la dette, donc).

À titre de comparaison, Nvidia (avec sa valorisation record de 5 billions) vaut donc 25 % de la France. Not bad pour une boîte de 36 000 personnes… 

OK Spoune, mais l’État, c’est quand même plus que de l’argent ou du capital. 

Bonne remarque, qui est l’occasion de revenir aux fondamentaux : c’est quoi un Etat ?

Traditionnellement, un État se définit par les pouvoirs dont il détient le monopole – les fameux pouvoirs régaliens : diplomatie, politique monétaire et fiscale, armée, police et justice.

Or sur tous ces domaines, les GAFAM viennent de plus en plus clasher les Etats : 

  • 🧳diplomatie : affaire Cambridge Analytica
  • 💰politique monétaire : Meta, en lançant sa monnaie Libra, a challengé de droit régalien de battre monnaie.. 
  • 💸fiscale : les GAFAM sont aussi des pro de l’évasion fiscale

Quant à l’armée, la police et la justice ? Max Weber appelait ça “le monopole de la violence physique légitime” – soit le cœur du réacteur de l’État. Et quand les GAFAM se mettent à fuir le monde physique pour miser sur le Metaverse, c’est aussi une manière de s’affranchir du seul pouvoir des Etats que, pour l’instant, elles ne peuvent pas contester IRL…  

Rien d’étonnant en même temps car, fondamentalement, les fondateurs des GAFAM sont des libertariens revendiqués. Et leur philosophie tient en quelques mots : “Moins d’État et plus de liberté.” 

Damn. Mais alors, Spoune, ma sœur Spoune, que vois-tu venir ? 

On ne voit que le ciel qui rougeoie… au-dessus des mégalopoles détenues par les GAFAM. Ce qui est à peu de choses près la vision d’Alain Damasio dans son livre Les Furtifs : il imagine une France où l’État a cédé sa place aux corporations, qui en ont profité pour rebaptiser, comme Lyon devenue Nestlyon après son rachat par Nestlé, (Orange resté Orange après son rachat par… vous avez compris). 

Comment en arrive-t-on là ? On est à un moment où les états s’appauvrissent, et les entreprises s’enrichissent… parfois sur le dos des premiers. Exemple ? Amazon qui installe ses méga-entrepôts grâce à des subventions censées soutenir l’emploi local… alors que son but est de remplacer ASAP les humains par des robots… 

C’est sûr que si on les laisse faire, elles ne vont pas se priver, hein…

CONCLUSION

Une entreprise qui rachète un État ? Clairement, on n’y est pas encore, et pour l’instant, le scénario fait surtout penser à un épisode de Black Mirror. Mais bon, on sait maintenant que la réalité a une sacrée capacité à rattraper la fiction. En attendant ? Espérons que le fameux dicton de la Silicon Valley “Si c’est gratuit, c’est vous le produit” ne fasse pas de nous, au final, pire que des produits : les nouveaux serfs d’un régime néo-féodal.