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Pourquoi on ne vous souhaite pas de gagner au loto

Franchement, en ce début d’année, on ne serait pas contre un petit coup de pouce. La réouverture des stations de ski ? Ce serait sympa. Un ralentissement de la pandémie ? On prend. Gagner au Loto ? Ah, ce serait carrément le pied…

Stop ! Gagner au Loto, vous êtes sûrs ?

Certes, rajouter 5 ou 6 zéros à votre compte en banque, ça peut être plutôt sympa…

Et pourtant, dans cette Spoune, on va vous expliquer deux choses : d’abord, pourquoi on ne vous souhaite pas de gagner au Loto. Et ensuite, que s’il y a une chose pire que de gagner au Loto… c’est bien de croire que le Loto peut vraiment vous rendre riche.

On vous explique tout.

Gagner au Loto ? Ça n’arrivera pas.

Le gros lot du Loto ? Il est vraiment, vraiment gros. 2 millions d’euros pour le Loto classique (soit 50 années de travail si vous gagnez 40k€, le revenu annuel moyen en France). Pour les 200 millions de l’Euromillions ? C’est 100 fois plus, soit 5 000 ans de travail. Pas assez pour vous payer la Villa de Poutine (estimée à plus d’1 milliard de $), mais suffisamment pour dépenser 11 000 euros tous les jours pendant 50 ans - soit un rythme de shopping plutôt soutenu.

La question, c’est surtout : quelle est la probabilité que vous remportiez le gros lot ?

Elle est quasi-nulle : 1 sur 19 millions - soit 0,00000005%. Vous avez donc largement plus de chances de mourir attaqué par un chien (1 “chance” sur 120 000) et même de vous prendre un astéroïde sur la tête (1 sur 720 000, même quand l'astéroïde est aussi gros que ça ou ça). En fait, vous avez autant de chance de gagner au Loto que d’être tué par un requin - et malgré ce qu'Hollywood essaie de faire croire, c’est vraiment, vraiment très rare.

Bref, gros lot… mais very very fat chance.

OK Spoune, mais “qui ne tente rien n’a rien”… non ?

Ah ! Optimiste radical, vous estimez malgré tout qu’1 chance sur 19 millions, ça se tente… surtout vu le prix du ticket de Loto (2,20 euros). Rassurez-vous : vous n’êtes pas le seul. Et tant mieux pour la Française des Jeux, qui grâce à vous a engrangé un CA record de 1,95 milliard d’euros en 2019.

Car oui : en 2007, 39% des Français estimaient avoir une chance de devenir millionnaires grâce aux jeux d’argent. Et vu l’augmentation du CA de la FDJ, le pourcentage n’a pas dû beaucoup baisser depuis...  

L’explication ? Il y en a deux :

1.  Ils pensent comme Churchill, qui disait : “Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées.”

2.  Plus sérieusement, ils sont victimes d’un biais cognitif mis en évidence par Daniel Kahneman (encore lui) et Amos Tversky : la théorie des perspectives.

L’idée ? C’est que si l’enjeu est suffisant, les individus sont prêts à prendre plus de risques (ou à accepter une chance de succès infime)... et donc à prendre des décisions complètement irrationnelles. C’est ce que Kahneman et Tversky appellent la surreprésentation des événements hautement improbables.

Et voilà pourquoi si 100% des gagnants ont tenté leur chance, 99,99999995 % des joueurs acceptent de jouer à un jeu auquel ils perdront toujours. Ce qui a fait dire à un écrivain américain un peu oublié que

“Le Loto, c’est un impôt sur les gens qui ne comprennent pas les statistiques”.

Pire que de gagner ? C’est d’y croire.

Le plus grand défaut du joueur de Loto ? Il est irrationnel. Ce qui n’est sans doute pas votre cas, si ?

Pour le vérifier, faisons tout de suite un petit test. Voici deux loteries :

Loterie n°1 :

Vous avez 0.01% de chance de gagner 100 000 € et 99,9% de chance de ne rien gagner du tout. Coût du ticket : 15 €.

Loterie n°2 :

Vous avez 70% de chance de gagner 100 000 €, et 30% de chance de ne rien gagner. Coût du ticket : 50 000 €.

Alors, laquelle choisissez-vous ? Et surtout, quel serait, selon vous, le choix le plus rationnel ?

Vous avez choisi la loterie n°1 ? Too bad : vous faites partie de la catégorie joueur de Loto. Vous limitez vos risques… mais vos chances de gagner sont hyper faibles.

Vous avez choisi la loterie n°2 ? Now we’re talking : vous avez sans doute calculé que l’espérance de gain du jeu 2 était de 70 000 € (70%*10 0000 - soit 1.4 fois la mise initiale), alors que celle du jeu 1 est de 10 euros (soit moins que la mise de 15 €). Bref, vous avez raisonné comme un investisseur… et pas simplement comme un joueur.

Attention cependant… si le jeu n’est qu’un one shot, auquel vous ne pourrez pas rejouer, le miser vos 50k sur un quitte ou double (même à 70-30) est peut-être un peu trop risqué. En revanche, si vous avez la possibilité de rejouer... foncez. Puisque vous pourrez compter sur la loi des grands nombres.

Disclaimer : La loi des grands nombres

En mathématiques, quand on parle probabilité, on s’appuie sur la loi des grands nombres. Ce que ça dit ? En gros, qu’une probabilité espérée est certaine de se réaliser si l’on joue un nombre infini de parties. Quand on investit, c’est tout de même un peu différent, pour la simple (et très bonne) raison qu’on a rarement un porte-monnaie infini…

Les casinos l'ont bien compris : si la loi des grandes nombres joue en leur faveur (le casino jouera toujours plus de parties n’importe quel joueur donné…), ils se prémunissent contre les risques d’anomalies statistiquesen limitant les mises maximum. En faisant ça, ils évitent qu’une seule partie (très) malchanceuse ne fasse sauter la banque.

Bon ok... mais admettons que je gagne quand même...

On a presque envie de vous dire : jetez donc cette saleté de ticket gagnant. Pourquoi ? Quelques raisons en vrac :

  • On l’a déjà dit ici, mais au-delà de 200 000 euros par an, l’argent ne fait plus le bonheur.
  • La FDJ a mis en place un service d’accompagnement psychologique des gagnants du Loto, confrontés d’un seul coup à l’inanité de leur vie pro et la jalousie de leurs relations perso… Les témoignages ne donnent vraiment pas envie.
  • Méfiez-vous de l’adaptation hédonique : une fois atteint un certain niveau de richesse, il est hyper difficile de faire marche arrière.

Bon, et si jamais vous décidez de le garder… quelques conseils qu’on a piqués à Joe McLean, le coach financier des stars de la NBA, et surtout un expert de l’art délicat non pas de devenir riche… mais de le rester.

  • Mettez 60 à 80% de votre argent de côté.
  • Offrez-vous une belle voiture… pas 2.
  • Rappelez-vous : “une grande abondance (financière) requiert une grande discipline”.

Crédits images : Philip Lindeman (Illustration 1), Studio Bliink (illustration 2), Kati Szilagh (Illustration 3) Bruno Mangyoku (Illustration 4)