Pas de cadeaux pour Noël
Ah ! Elle a du plomb dans l’aile, la magie de Noël. Aux débats familiaux border, il faut désormais ajouter la culpabilité de l’orgie consumériste. Tout ça pour se faire des cadeaux qui, une fois sur deux, ne font même pas plaisir ? Et si Noël était un grand gâchis ? Après tout, Noël est-il vraiment rationnel, économiquement parlant ?
Aujourd’hui, Spoune ne se laisse pas enguirlander : on fait passer Noël à la loupe de l’analyse microéconomique. Et on ne va pas lui faire de cadeaux.
Ouhla Spoune, pas très “Christmas spirit” tout ça…
L’esprit de Noël ? Il est sympa, mais on voit que ce n’est pas lui qui paie le prix de cette grande fête du partage.
Malgré la crise et l’inflation, cette année, le budget moyen des Français pour Noël reste d’environ… un bras : 426 € cette année (contre 446 € l’an passé). Or, ce qu’on peut dire, c’est que ces cadeaux font rarement mouche. Selon une étude de 2016 :
- 25 % des cadeaux sont “ré-offerts” à une autre personne
- 15 % sont rendus (au magasin… et même parfois à celui qui l’a offert !)
- 14 % sont revendus
Au total, ce sont donc 54 % des cadeaux qui ne seraient même pas conservés par leur destinataire… en mode “Vive le vent d’hiver”.
De là à dire que Noël est un gâchis ? M’enfin, Spoune, Let It Snow !
Et pourtant, c’est la thèse très sérieuse de Joel Waldfogel, unéconomiste de l’université Yale. Dans son livre Scroogenomics (titre inspiré du bougon du Conte de Noël de Dickens), il soutient que Noël serait une aberration économique qui détruirait chaque année plusieurs dizaines de milliards d’euros en valeur.
Pourquoi il dit ça ? Waldfogel se contente d’appliquer (un peu strictement, certes) le concept économique de l’utilité :
“En microéconomie, l’utilité quantifie la satisfaction liée à la consommation d’un objet.”
Selon Waldfogel, l’argent qu’on dépense pour les autres est toujours moins efficace que celui qu’on dépense pour soi – y compris pour la personne qui le reçoit. Cette différence serait même de l’ordre de 20 %.
Quand on fait des cadeaux, on se plante souvent pour plein de raisons :
- Asymétrie d’informations : on connaît mal les goûts de la personne.
- Coûts d’opportunité : faire un cadeau, c’est du temps passé à trouver une idée, à aller l’acheter, à l’emballer…
- Coûts de stockage/entretien : pour celui qui le reçoit, un cadeau de Noël est un “éléphant blanc” : un objet dont on n’ose pas se débarrasser et qu’on doit stocker et entretenir...
Finalement, entre mauvaise idée, temps perdu et coûts cachés, ça chiffre : sachant que le budget US “cadeaux de Noël” était de $178 milliards en 2022, et si la perte de valeur est bien de 20 %, ça fait un total de (wait for it…) 36 milliards de dollars…
Une évaporation de valeur qu’on pourrait appeler “la part des lutins”... Et qui ferait que le “système” des cadeaux de Noël serait donc fondamentalement sous-efficace.
Conclusion de Waldfogel ? Pour lui, le seul cadeau vraiment “utile” et efficace… c’est le cash.
Sérieusement Spoune, All I want for Christmas is cash ?? Et l’intention dans tout ça, ça ne compte pas ?
Vous nous connaissez : bien sûr que s’il n’y avait que des enveloppes au pied du sapin, ça serait bien tristoune. Pour nous, voilà la vraie équation des cadeaux de Noël :
Valeur cadeau = ((prix + amour) + (souvenir futur /temps passé)) x surprise
/ temps passé
Et on voit plein de raisons de continuer à faire des vrais cadeaux :
- Partager nos coups de cœur : rien de mieux que de voir un proche s’enthousiasmer pour un livre ou un spectacle qu’on a aimé soi aussi.
- Faire découvrir de nouveaux horizons : pour sortir des bulles de nos connaissances et des algos de recommandation.
- Être plus attentif à nos proches : faire un cadeau, c’est être à l’écoute de l’autre pour mieux deviner ses envies.
Ceci dit, même si on préfère laisser l’option cash aux grands-parents pas très inspirés, on retient quand même de Waldfogel une idée : ce n’est pas parce que c’est Noël qu’il ne faut pas essayer de maximiser l’utilité de chaque euro dépensé !
Alors voici le Top des systèmes de cadeaux de Noël les plus efficaces :
#5 - Les cadeaux à volonté (cadeaux pour tout le monde sans limite de budget)
- le plus : orgie de cadeaux !
- le moins : risque de craquage et de tomber à côté
- efficacité : 1/5
#4 - Les petits cadeaux (cadeaux pour tout le monde dans un budget défini)
- le plus : la limite budgétaire limite la perte de valeur.
- le moins : nombre élevé de cadeaux = temps passé très élevé
- efficacité : 2/5
#3 - La loterie (un seul cadeau tiré au sort sur place)
- le plus : un seul cadeau à faire
- le moins : difficile de trouver un cadeau qui convienne à tous
- efficacité : 3/5
#2 - Le Secret Santa (un seul cadeau tiré au sort à l’avance)
- le plus : permet de cibler son cadeau
- le moins : pas cool quand vous ne connaissez pas la personne (pour un Secret Santa du bureau)
- efficacité : 4/5
#1 - La liste de Noël pour les grands (partager une wishlist à ses proches par exemple sur Boonjy)
- le plus : évite la perte de valeur avec des cadeaux qui sont sûrs de vous plaire
- le moins : pas de surprise
- efficacité : 4,5/5
Hors catégorie - Le "Buy Nothing Christmas"
Une approche plus radicale avec plusieurs options :
- offrir un cadeau gratuit (qu'on possède déjà, ou qu'on fabrique)
- proposer à vos amis de faire de votre part un don à une association
Et sans doute plein d'autres options à explorer !
Conclusion
Bon, vous voyez ! L’esprit de Noël ne nous a pas complètement quitté… L’intérêt de ces Scroogenomics, c’est surtout de nous aider à mieux apprécier la valeur des choses… et de nous aider à faire de meilleurs cadeaux. D’ailleurs dans le genre cadeau gratuit à l’utilité optimale… il y a Spoune ! Pour vos proches, on en est sûr : All they want for Christmas is Spoune :)
Bonnes fêtes, on vous souhaite de recevoir des cadeaux que vous aurez envie de garder longtemps. See you in 2024 !