Le prix de la tranquillité
L’amour mutuel ? On en rêve tous. L’amour mutuelle ? Hum, un peu moins… Alerte sujet boring ? Si on l’a choisi, vous vous doutez bien que non ! Alors si vous considérez que vivre sans mutuelle est un peu trop rock’n’roll pour vous, accrochez-vous à votre paire de lunettes solaires offertes : aujourd’hui dans Spoune, on se demande à quoi sert une mutuelle anyway ?
Okay Spoune mais revenons aux bases. C'est quoi, d'abord une mutuelle ?
La mutualisation, un concept ultra-moderne ? Pas du tout, puisqu’il nous vient… de l’Antiquité. Le principe ? Mettre en commun les risques et les bénéfices pour limiter l’exposition individuelle. Au départ, ce sont des systèmes d’entraide locaux :
- Dans les fermages collectifs de Babylone : pour aider les fermiers qui perdaient une récolte
- Lors de la construction du temple de Salomon : pour subvenir aux besoins des ouvriers victimes d’accident
Puis arrive le IIème siècle ap. J.-C. Chez les Romains, en cas de tempête, on allège les navires en jetant des marchandises par-dessus bord. Hic : la fierté d’avoir sauvé les autres ne suffit pas vraiment à consoler celui qui a perdu toute sa cargaison… Alors pour ne léser personne, la loi Rhodienne impose aux marchands de compenser collectivement les pertes individuelles.
Ça alors Spoune ! L'assurancetourix aurait donc bien été inventée chez les Gaulois ?
Pas chez les Gaulois, mais à leur époque, oui ! En revanche, depuis, le concept a pas mal évolué. Aujourd’hui, en théorie, une mutuelle est :
“Une société à but non lucratif qui organise la solidarité entre ses membres et dont le rôle est avant tout social”.
Sauf que, PLOT TWIST : des nos jours, toutes les mutuelles ne sont pas mutualistes ! Une “vraie” mutuelle doit reverser l’intégralité des cotisations (hors taxes et frais de fonctionnement) à ses membres. Or on confond en permanence les “mutuelles” et les “complémentaires santé” proposées par les sociétés d’assurances classiques. Et ça n’est pas exactement la même chose :
Concrètement ? Depuis 2020, mutuelles et complémentaires publient leur taux de redistribution (c’est-à-dire le pourcentage de cotisations collectées effectivement reversé). Et selon l’UFC-Que Choisir, les différences sont huge :
Bref : un peu comme formidable (qui voulait dire “terrifiant”) ou zizanie ‘(qui voulait dire “mauvaise herbe”), le mot mutuelle a pas mal dévié de son sens original…
Okay Spoune, mais mutuelle ou complémentaire santé, est-ce que j’ai vraiment le choix ?
Si vous êtes salarié (comme 89 % de la population active)… pas vraiment. Depuis 2016, toutes les entreprises ont l’obligation de proposer une mutuelle à leurs salariés (et à leur famille) et de la prendre en charge à 50 %. Et en tant que salarié, vous êtes obligés d’avoir une mutuelle. Restent donc 3 options :
- accepter la mutuelle de votre boîte
- préférer la mutuelle de votre conjoint (si vous êtes en couple)
- choisir une mutuelle individuelle de votre côté (mais ça vous coûtera nettement plus cher).
Si vous êtes indépendants, en revanche, vous payez plein pot votre mutuelle. Et là, la question mérite encore plus d’être posée : à quoi sert vraiment une mutuelle ? En théorie, une mutuelle couvre les dépenses non prises en charge par la Sécurité Sociale. Là, rappelons quand même que la Sécu’ fait bien le job :
Bilan ? Les complémentaires n’assurent donc, en moyenne, que deux tiers du reste à charge après intervention de la sécu…
Deux tiers ? Tout ça pour ça ?
Oh, vous savez : il faut se méfier des moyennes. Car en réalité, la mutuelle est surtout un moyen de se protéger des gros pépins de santé futurs. Typiquement le genre de pépins dont on sous-estime à la fois la probabilité et l’impact… comme les cygnes noirs de Nicholas Nassim Taieb. En gros, la mutuelle ne sert pas à rembourser votre Doliprane, mais plutôt à éviter la ruine si vous devez un jour être hospitalisé pendant 6 mois… Pour reprendre l’exemple cité plus haut : personne n’a envie d’être le marchand romain dont on sacrifie la cargaison
Autre question : le prix de cette tranquillité ne serait-il pas un tout petit peu overpriced ? Car il faut bien le dire : si les mutuelles sont si chères (environ 1K€/an à partir de 30 ans), c’est qu’elles servent surtout à… payer des lunettes ! En 2021, les mutuelles ont dépensé 5,1 milliards (sur 29 milliards de dépenses totales) en lunettes, soit… 18 % de leur action 😱
Bon, vous l’avez compris : une mutuelle santé n’est pas forcément une mutuelle… et à l’inverse, certaines assurances sont parfois des mutuelles ! C’est le cas des “assurances auto” souscrites auprès d’organismes mutualistes. Et ça peut valoir le coup : par exemple, en 2020, la MAIF a rendu 100M€ à ses assurés auto pour compenser le faible nombre d’accidents du confinement. C’est même arrivé deux fois !
Super tout ça Spoune, mais concrètement, en quoi ça me concerne ?
Ça vous concerne ! La preuve avec notre Boîte à Spoune spécial Amour Mutuelle.
- Changer de mutuelle. Changer de mutuelle tous les trois ans permettrait d’économiser jusqu’à 20 %. En 2024, les mutuelles ont prévu une augmentation record de leurs cotisations de 8,1 %. C’était clairement plus que votre augmentation de fin d’année… Globalement, méfiez-vous toujours des augmentations de tarifs automatiques.
- Résilier, cette tannée ? Plus maintenant ! Depuis 2020, fini les courriers recommandés à envoyer moins de deux mois avant l’échéance (un dispositif conçu uniquement pour que les gens oublient de le faire) : désormais, vous pouvez résilier à tout moment au bout d’un an.
- Si vous êtes en couple : comparez les mutuelles de vos entreprises respectives et choisissez celle qui vous convient le mieux !
L’amour mutuelle, c’est aussi un amour vache. Oui, la mutuelle est indispensable pour parer aux accidents de la vie de manière relativement indolore. Mais en même temps, une grande partie de leur argent n’est pas utilisée de la meilleure manière. À vous donc de choisir la mutuelle qui vous convient le mieux, en considérant que même si la santé n’a pas de prix, on peut quand même éviter de se faire braquer…