En 2019, John Elliot, un londonien de 27 ans, a tenté un truc : il a demandé sa copine en mariage avec... une bague de location. 💍
Quand on a entendu cette histoire ? Au départ, chez Spoune, on y a vu la confirmation de notre grand credo : dans la vie, en général, mieux vaut acheter — surtout quand on parle de sa résidence principale. Mais c’est là que Saskia, notre fondatrice, a dit tout d’un coup : “Ouais, enfin moi je roule quand même en Cityscoot”. 🛵
Et là… elle nous a tous mis le doute. Acheter ou louer ? Louer ou acheter ? Telle est la question. Mais existe-t-il une méthode infaillible pour trancher la question de manière ultra-rationnelle ? Et est-ce que le raisonnement est le même selon qu’on parle d’un scooter, d’un téléphone ou d’un paddle ?
Dans 5 min, cet horrible dilemme n’en sera plus un : on vous explique tout.
La location ? Bof, moi, je préfère acheter.
On avoue, on se disait pareil, au départ. Mais, passé cette réaction à chaud, notre préférence pour l’achat est-elle vraiment rationnelle ? Loin s’en faut. Pas besoin d’être un accro au shopping pour avoir ressenti le “shopper’s high” — cette extase de l’acheteur venue du shot de dopamine que déclenche notre cerveau à chaque fois qu’on achète quelque chose.
Eh oui, malgré les siècles d’évolution, nos cerveaux restent toujours aussi sensibles au mécanisme de la récompense. Les marques le savent bien et l’exploitent à fond avec les “dark patterns” : ces incitations à la consommation plus ou moins sournoises (“-73 %” ! “Plus que 2 restants !”) qui nous poussent à acheter toujours plus.
Résultat ? L’addiction au shopping n’est pas du tout un problème réservé aux fashionistas de Sex and The City (dont, pour info, l’appartement vient d’être mis en location ici), mais bien un sujet global de société. La preuve avec l’agenda de ce mois de novembre :
11 novembre 💔
Journée des célibataires, impulsée par Alibaba en Chine. En 2020, ça a donné :
- 583 000 commandes dans la seconde suivant l’ouverture des ventes.
- $74 milliards de CA en 24h (deux fois plus qu’en 2019).
26 novembre 🛍
Black Friday, qui désignait au départ les embouteillages monstres du lendemain de Thanksgiving.
- $9 milliards de CA aux US en 2020 (+22 % par rapport à 2019).
29 novembre 🖥
Cyber Monday, petit frère digital du précédent.
- $10,8 milliards de CA aux US en 2020.
Forcément, quand on achète autant, on se retrouve avec des trucs dont on n’a pas vraiment besoin. Surtout qu’à cause du “shopper’s high”, on surestime systématiquement le plaisir lié à un achat :
Le plaisir lié à l’acte l’achat, c’est une sorte de part des anges qui s’évapore aussitôt après avoir cliqué sur “acheter”… Et qui nous laisse nous demander : “mais au fait, pourquoi j’ai acheté ce truc ?!”.
Bien vu Spoune. Mais au fait, pourquoi est-ce que je ne louerais pas plutôt ce truc ?
Excellente question ! Surtout que depuis 20 ans, on loue de plus en plus de choses — c’est ce qu’on appelle l’économie du quaternaire. Rappelez-vous : dans la préhistoire des années 2000, les gens allaient à la Fnac acheter des DVD. Aujourd’hui, entre nos abonnements mensuels à Netflix, Canal, Amazon prime, OCS ou Disney +, notre budget “home cinéma” mensuel n’a pas forcément diminué tant que ça... Faites plutôt le calcul.
En gros, en 2020, on privilégie l’accès temporaire à un catalogue élargi plutôt que la possession définitive d’un nombre de films réduit… On valorise donc moins la propriété que la qualité d’usage… Ce qui explique sans doute le développement hyper rapide de nouvelles formes de paiement à l’usage :
- L’économie du partage. Pourquoi acheter une perceuse dont vous vous servirez deux fois quand vous pouvez l’emprunter à son voisin ? L’économie du partage permet de mutualiser les ressources disponibles (ex : Blablacar, AirBnB, Bricolib, les stickers Pumpipumpe).
- L’économie de la fonctionnalité. Plutôt que la propriété d’un objet, on paye tous les mois pour accéder à un service. Ça peut être un téléphone, une imprimante, ou un scooter (ex : la location de téléphone avec Commown, de scooter avec Cityscoot, les pneus Michelin payés au kilomètre, les photocopieurs Xerox payés à la page).
Le contexte global étant posé, il est temps d’en venir à la question qui tue : comment savoir s’il faut louer ou acheter ? Tout simplement en posant une équation.
Acheter ou louer : l’équation du coût d’usage
Revenons à Saskia et son Cityscoot. Est-ce que sa décision de louer est vraiment rationnelle ? Ou est-ce que c’est juste qu’elle en a marre de se lever le matin sans se rappeler où elle a garé son 🛵 la veille ? Histoire d’être sûr, on a fait le calcul.
En moyenne, Saskia fait 20 min de scooter par jour, soit 10 heures par mois. Si on calcule son coût d’usage, c’est à dire le coût mensuel d’utilisation de son scooter, ça donne ça :
Option Cityscoot :
- Coût à la minute : 28 centimes
- 0,28*60*10 = 168 euros par mois
Option scoot’ perso :
- Achat : 3000 euros / durée de vie moyenne de 60 mois = 50€ /mois
- Entretien : essence + réparation + assurance : 100€/mois
- Parking : bad news, à Paris, ça passe à 90 €/mois en janvier.
- coût total : 240 euros par mois.
Résultat ? En louant, Saskia économise 72€/mois — et elle a clairement bien fait de ne pas s’acheter un scoot’. Et encore, on n’a pas pris en compte les coûts intangibles que Saskia s’évite, type acheter son équipement, galères de parking, A/R à la fourrière ou autres rendez-vous chez le garagiste… Et en plus Saskia est heureuse de rouler en électrique.
Bougez pas je fonce vendre mon scooter. Mais le reste ? 🤷
En fait, le scooter est peut-être le meilleur exemple pour traiter la question acheter vs louer. Parce qu’il cumule tous les éléments à prendre en compte avant de décider si vous devez louer ou acheter. Pour résumer, ces éléments, il y en a 4 :
Désamorcez le shopper’s high 🎁
Ce sont les neurosciences qui le disent : il y a un plaisir physiologique à acheter. Succombez-y si vous le souhaitez (il n’y a jamais de mal à s’offrir un petit craquage), mais faites-le en conscience. Et uniquement si vous pouvez vous le permettre.
Ne sur-payez pas la valeur symbolique 📱
Ça a été la voiture dans les 90’s, le scooter quand vous étiez au lycée, c’est peut-être le smartphone aujourd’hui : on est prêt à surpayer des objets qui, au-delà de leur fonction initiale, sont aussi des symboles de statut social. Petit rappel en passant : “Être dans le vent, c’est l’ambition d’une feuille morte”.
Estimez correctement votre coût d’usage 🏄🏻
Regardez le placard où vous avez entassé votre kite surf, votre snowboard et votre perceuse, et méditez cette phrase : “on surestime souvent le nombre d’utilisations futures d’un objet qu’on désire à l’instant T”. Avant d’acheter, commencez par louer ou emprunter. Et si vous utilisez vraiment souvent l’objet en question, achetez.
Attention aux coûts cachés 💸
Par définition, ils n’apparaissent pas au moment de l’achat. Et pourtant, il faudrait évidemment les intégrer dans toutes décisions rationnelles… Sinon, c’est comme aller au resto sans regarder les prix : on s’expose à de mauvaises surprises.
Ensemble, ces 4 premiers éléments constituent les coûts réels d’un achat. En schéma, ça donnerait ça :
Et allez, un dernier pour la route :
Endettez-vous uniquement pour les biens dont la valeur va augmenter 📈
Encore une fois, un véhicule perd 25 % de sa valeur au moment où vous l’achetez — ce qui en fait clairement un des pires investissements possibles. Est-ce que c’est différent dans l’immobilier ? Ça dépend :
🏠 La résidence principale ? C’est toujours un bon investissement : elle vous permet de transformer votre loyer en épargne (si besoin, avec le coup de pouce Virgil), sans compter qu’à Paris les prix ont été multipliés par plus de 10 en 60 ans. On avait creusé la question en détails ici.
🌴 Votre résidence secondaire ? Par définition, elle sera sur un marché moins tendu — pas sûr qu’elle prenne de la valeur.
Acheter ou louer ?
Finalement, la question revient à un simple calcul — il suffit seulement d’identifier les bonnes données à mettre en équation. Un bon gros achat compulsif vous aide à traverser la grisaille ? Fine ! À vous de faire les bons calculs 😊
Crédits images : Gasp art' (illustration 1), Blok Magnaye (Illustrations 2 et 3)