Vous n’écoutiez pas des masses en cours d’éco. Mais il y a quand même un truc que vous avez retenu : il vaut mieux acheter quand le marché est bas ou, comme le dit Warren Buffett :
" Be greedy when others are fearful "
En d'autres termes, mieux vaut jouer à contre courant. (disclaimer : les financiers aiment les punchlines, et nous aussi. Il y en aura donc quelques unes dans ce numéro 🤓)
Alors, pandémie mondiale, krach boursier et récession annoncée : ce réjouissant panorama serait-il en fait un contexte hyper propice à l’investissement ?
Franchement : on vous déconseille de vous lancer maintenant. En revanche, on a voulu profiter du confinement pour faire un point sur le fonctionnement d’un marché assez obscur pour le néophyte : les actions.
C'est quoi une action ?
Les marchés, ils sont un peu comme vous quand vous devez finir une prez client tout en préparant les petits pots des enfants : après une rude journée, ils ont tendance à devenir hyper sensibles… Et un rien suffit à les faire sur-réagir 🔥
Exemple ? Depuis le début de l’année, le cours de l’action Zoom (l’outil de vidéoconférence que vous avez découvert en suivant votre premier et dernier cours de yoga en ligne en semaine 2 du confinement) a gagné 80% (un peu moins suite à la découverte de ses failles d'encryption). Alors que celle de Carnival (l’opérateur du premier bateau de croisière atteint par le coronavirus) a, elle perdu, 80 %.
Le marché adapte ses prévisions en fonction du contexte (comme disait Keynes, “When facts change, I change my mind") : ça se comprend assez bien. Ce qui est plus obscur, en revanche, c’est de chercher à comprendre pourquoi une action vaut ce qu’elle vaut – ou, plus précisément, comment le marché valorise les entreprises – pour Zoom, c’était 131 euros par action le 14 avril.
On vous explique tout.
Définir le prix d'une action 📈
Quand vous achetez une action, vous achetez une (infime) partie de l’entreprise. Restons sur Zoom (on l’avait installé pour le yoga, on l’a gardé pour les apéros) :
► Le capital de Zoom est divisé en 127 millions d’actions
► 1 action équivaut donc au cent-vingt-sept-millionième de l’entreprise (c’est un peu comme la garde partagée, avec un tout petit peu plus de parents impliqués)
À partir de là, savoir combien vaut l’action Zoom, c’est déjà savoir combien vaut l’entreprise dans son ensemble.
Sauf que là, deux camps s’affrontent. À ma gauche, les fondamentalistes. À ma droite, les techniciens.
À ma gauche : les fondamentalistes
Pour les fondamentalistes, le calcul est simple : la valeur de l’entreprise est déterminée par la somme des revenus qu’elle générera dans le futur. Les financiers ont beau appeler ça “cash flow”, c’est exactement la même chose que les loyers que va rapporter un appart en location 🏠 et dont dépendra sa valorisation. Il ne reste plus qu’à enlever les dettes (ici comme ailleurs, le banquier se paye toujours en premier) et on obtient la valeur des actions.
Mais tout de même : comment estimer ces revenus futurs ? Le futur n’étant jamais certain, les analystes prennent en général les revenus de l’année, qu’ils rapportent à la croissance estimée de l’entreprise, ainsi qu’à son niveau de risque. De manière très simplifiée, on peut résumer toute cette cuisine ainsi :
Une entreprise se valorise en fonction du nombre d’années de résultats attendu
Dans notre exemple, Zoom est valorisée 34 Milliards, pour un résultat net de 25 millions, soit près de 1400 années de résultat (!) et Carnival … moins de 4 ans.
La preuve que si on tient à ses grands-parents, mieux vaut les appeler sur Zoom que les envoyer en croisière.
Cet écart est-il bien raisonnable ? Héhé, c’est toute la question. Et c’est aussi tout le jeu des investisseurs fondamentalistes : sur le modèle de leur idole Benjamin Graham – qui a écrit la bible sur le domaine – et de son prophète Warren Buffet, ils considèrent que les plus grandes opportunités d’investissement résident dans ces entreprises fiables dont le marché a une image erronée. Leur technique ? Investir... et attendre que le marché corrige sa position ♟.
Et en version moins simplifiée ? 🤓
Pour ceux qui aiment les tambouilles compliquées, la recette des revenus futurs, c'est là, dans un autre genre, celle du gâteau au chocolat de Jean-François Piège ici.
Et pour les fins gourmets, on peut y ajouter tout plein de cas particuliers - 1220 pages de cas particuliers, pour être précis - que doivent bachoter ceux qui pratiquent la finance d’entreprise...
À ma droite, les techniciens
Assumer l'irrationalité.
Un autre clan, l’analyse technique, se souvient de la phrase (apocryphe) de Keynes (encore lui) : "Les marchés peuvent rester irrationnels plus longtemps que vous ne pouvez rester solvables". Car dans le monde de la finance :
Mieux vaut se planter avec les autres qu'avoir raison tout seul
Eh oui, de nombreux exemples sont là pour le prouver, les marchés sont souvent irrationnels. Prenons encore une fois l’exemple de Zoom (ça marche aussi très bien pour les jeux de société) : en multipliant par 20 son nombre d’utilisateurs, Zoom a logiquement connu de très belles performances boursières – ça, OK. Mais, en même temps, une minuscule entreprise américaine dénommée Zoom Technologies – aucun lien de parenté – a vu son cours multiplié par 20… tout simplement parce que des gens y ont investi par erreur. Et ça, ce n’est pas l’analyse fondamentale qui aurait pu le prévoir...
Contrôle graphique 🔮
Ces apôtres de l’analyse technique, qu’on appelle les chartistes, considèrent que la seule chose qui compte pour valoriser une entreprise, c’est de connaître le prix que les gens sont prêts à payer pour ses actions.
Pour prédire son évolution, les chartistes adorent disséquer les graphs dans tous les sens : la courbe fait-elle un élargissement symétrique de sommet ou un biseau ascendant ? Mais là, on verse carrément dans l’ésotérisme – et on vous a probablement perdu.
Le vainqueur ? Un outsider
Bref, vous l’aurez compris : à long terme, chez Spoune, on est plutôt team fondamentaliste.
Mais comme disait Keynes (promis, c’est la dernière) :
À long terme, nous sommes tous morts
Donc acheter des actions, c’est un excellent moyen d’étudier en détail les entreprises et un super exercice intellectuel 🤓 : il faut pratiquer son jugement, le questionner, et apprendre de ses erreurs.
TEAM RISKLESS
Cela dit, la pédagogie c’est beau, mais ne pas perdre ses économies, c’est mieux. La règle n°1 de l’investisseur est “Never lose your money” (merci Warren) - qu’on peut au moins adapter pour dire qu’il ne faut investir que ce qu’on peut confortablement perdre. Donc pour l’immense majorité des gens, boursicoter avec son épargne est une très mauvaise idée 💸
TEAM FANGIO
Notre recommandation, pour ceux qui veulent absolument se frotter aux marchés et à leur promesse de rendement (ce qui veut aussi dire, risque de perte) est de s’orienter plutôt vers les ETF, ou Exchange-Traded Funds plus diversifiés (suivez les doux conseils de Spoune juste ici).
Comment je me lance ?
Ok Spoune, je vais où si je veux creuser le sujet ? Pour avancer, il faut plusieurs choses :
1. Des sources d’info financière fiables
Pour la base, Yahoo Finance&Bloomberg. Et pour comprendre les chiffres, un peu de littérature additionnelle.
2. Pour étudier une entreprise, commencez par aller sur son site web dans la section “Investisseurs”
Une mine d’informations s'y trouve, comme le rapport annuel ou les annonces de résultats.
3. Une bonne plateforme
Par exemple Saxo Banque pour acheter des actions. Mais bon, fiscalement, il reste plus intéressant d’investir via votre PEA (Monabanq ou n’importe quelle banque - mais attention aux frais). On vous conseille d’ailleurs l’édition de Spoune qui vous dit tout sur le PEA.