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Les banques sont-elles faillibles ?

Les banques sont-elles faillibles ?

À votre avis, c’est qui le plus vieux ?
A - Michel Drucker
B - Le logiciel de votre banque
C - Mario Kart

Bon, le plus vieux, c’est évidemment Michel Drucker. Mais ensuite ? Le premier Mario Kart date de 1992, alors le logiciel qui gère 95 % des transactions bancaires date, lui, de… 1988. Eh oui, paradoxalement, les applis inutiles qu’on utilise tous au quotidien évoluent cent fois plus vite que les outils internes des banques, qui brassent pourtant des milliards d’euros tous les jours…

Aujourd’hui, Spoune part sur les traces (de dinosaures) des mystérieux logiciels qui gouvernent nos virements bancaires…

Les dinosaures, vraiment Spoune ? 🦖

Oui, bon, pas exactement. Mais travailler dans une banque en 2023, c’est quand même un peu remonter dans le temps et se connecter tous les matins à des logiciels gris et moches tout droit sortis de Windows 95 (voire pire).

On n'exagère pas : le système financier mondial repose en grande partie sur le langage de programmation COBOL (pour Common Business-Oriented Language), un truc que plus personne ne maîtrise aujourd’hui… à part quelques retraités qui ont appris à programmer dans les 70’s (fun fact : à l’époque, “programmer” consistait à insérer dans des ordis des lignes de codes inscrites sur des cartons perforés…)

Bref, comme les gens qui maîtrisent ce code sont de plus en plus rares (et en voie d’extinction, donc pas si éloignés des dinosaures…) eh bah parfois, ce qui doit arriver arrive : DES BOULETTES.

Et voici donc le…

Top 3 des plus belles boulettes bancaires 🫣

🥉 Le bon virement sur le mauvais compte 

Situation classique : un client d’une banque veut retirer les 32 500 € de son PEL pour un achat immobilier. Pas de bol, la banque vire les 32 500 € sur le compte d’un inconnu. Apparemment, un fraudeur aurait intercepté le courrier contenant le RIB du virement et l’aurait remplacé par le sien…

Comment ça a pu arriver ? La banque a quand même validé un virement vers un compte au nom différent de son client ET dans un établissement bancaire différent… Si la saisie était automatique et non pas manuelle, l’erreur aurait évidemment pu être détectée.

🥈 Milliardaire pour quelques jours

Un beau matin, Blaise Aguirre se connecte sur son appli bancaire découvre que le solde de son compte est de… 2,45 milliards(oui, oui, milliards). Vous auriez fait quoi à sa place ? Poser votre dém’ ? Acheter Lionel Messi ? Rédiger un post LinkedIn pour expliquer comment passer de 0 à 2,45 milliards de CA en une nuit ?

En l’occurrence, rien de tout ça. Et il a bien fait car selon la banque, l’argent ne s’est jamais trouvé sur son compte, c’était une simple “erreur d’affichage”. Ce qui nous renvoie à la fameuse question : “l’argent est-il magique aka est-ce bien autre chose que des chiffres sur un compte ?”

Ce qu’il s’est passé : la banque a quand même mis plusieurs jours à corriger le “bug”. Plusieurs jours, hein, pas plusieurs heures.

🥇La boulette qui valait 900 millions

Août 2020. La banque US Citigroup veut verser 8 millions à des fonds d’investissement. Quelques heures plus tard, elle se rend compte que les fonds n’ont pas reçu 8 millions, mais 900 millions…

Citigroup demande gentiment : “Rends l’argent stp” ? Réponses des fonds ? “Allez ok” pour certains, “LOL NOPE” pour d’autres. Dans un premier temps, ces derniers gagnent même le procès que Citigroup leur intente par la suite, confirmant le dicton qui dit que « donner c’est donner, reprendre c’est voler »… (Heureusement pour Citigroup, des juges new-yorkais ont invalidé ce verdict en 2022).

Comment ça a pu arriver ? Apparemment, l’employé responsable du virement n’avait coché qu’une case au lieu de trois sur son interface paléolithique. Ça fait cher la case oubliée.

OK Spoune, je file acheter un matelas et vider mes comptes 😵

Mais non, mais non, il faut savoir raison garder. Malgré leurs logiciels obsolètes, les saisies manuelles approximatives et les procédures papier peu sécurisées nos banques sont globalement plutôt fiables, incroyable mais vrai... La preuve en chiffres :

  • 14 millions de virements échangés chaque jour en France
  • +40 % d’augmentation du nombre de virements en 10 ans
  • SWIFT garantit un taux de « délivrabilité » de 100 % des instructions.


Bref, les instructions de virement arrivent toujours à destination. Le problème ? C’est quand les instructions contiennent des erreurs humaines. Et pour les éviter, méfiez-vous de ces Usual Banking Suspects :

  • Les saisies manuelles, comme pour certains encaissements de chèques. 
  • Le courrier : préférez les mails et gardez des traces. Et si votre banque est accro au papier… choisissez-en une autre. 
  • Les fusions bancaires : fusionner deux banques, c’est aussi fusionner leurs logiciels respectifs – et ça peut faire des étincelles.
  • Les filiales françaises de banques étrangères : un retournement de conjoncture, et hop ! Ça peut être la cessation d’activité. Le hack : avoir des comptes dans plusieurs banques.


Et si la boulette arrive malgré tout ? En France, la régulation vous protège. Quelques principes importants à connaître :Que faire en cas d’erreur ? Ça dépend :

  • Si l’erreur est en votre faveur, la banque a 5 ans pour vous réclamer ce que vous avez touché « en trop ». Bon à savoir avant de tout cramer dans une Lamborghini (ou dans Lionel Messi). 
  • Si l’erreur vous fait perdre de l’argent, vous avez 13 mois pour demander des comptes à votre banque (par courrier recommandé). Si votre banque ne joue pas le jeu, vous pouvez saisir le médiateur bancaire, ou vous lancer dans un procès.

Quand l’erreur de la banque tue la banque 😵

Too big too fail” ? C’est l’expression qu’on entend souvent à propos des banques qui seraient trop essentielles pour que le système puisse se permettre leur disparition. Depuis Lehmann Brothers, on sait que ce n’est pas le cas et que les banques, comme les civilisations, sont mortelles. Plus récemment ? Ça a aussi été le cas de la Silicon Valley Bank, qui a dû fermer ses portes à cause de l’impact de la hausse des taux d’intérêts sur ses choix stratégiques. L’histoire s’est plutôt bien terminée pour les clients de SVB, qui ont fini par être secourus par l’État américain.

En France ? Le Fonds de garantie des dépôts et de résolution (FGDR) vous couvre à hauteur de 100 000 € (par banque, valable à la fois pour les comptes courants et comptes épargne) en cas de défaillance bancaire. Alors pour perdre peu, une seule solution : avoir peu… ou beaucoup répartir entre plusieurs banques.

On oublie souvent ce point commun entre les banquiers et les Daft Punk : eh oui, eux aussi sont Human After All – ou comme disait Nietzsche “humain, trop humain”. Et ils sont d’autant plus faillibles qu’ils utilisent des logiciels hors d’âge, mal pensés, peu documentés et rarement mis à jour. Et le hors d’âge, c’est bien pour le Cognac, moins pour les Fusac. 

L'évaporation de la penderie