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Le pire placement d'épargne

Il y a ceux pour qui le marché est un moment sympa pour faire ses courses le samedi matin. Et ceux pour qui c’est plutôt un rendez-vous quotidien... sur les apps de boursicotage.

Entre ceux qui remplissent leur panier de poireaux le week-end et ceux qui blindent leurs portefeuilles d’actions nuit et jour 📈 quel est le juste milieu ?

Aujourd’hui, on décrypte avec vous les placements sur les marchés et on vous explique pourquoi il vaut mieux garder votre CDI que de vous lancer dans le trading depuis votre canap' si vous n’êtes pas Warren Buffett.

Méfiez-vous de l’argent qui dort

Quand on a un peu d’argent à investir, on n’a peur que d’une chose : prendre la mauvaise décision – celle qui vous ferait perdre un peu ce précieux pactole durement acquis.

Une chose est sûre : la plus mauvaise décision, c’est de ne rien faire. Quelques éléments de contexte pour resituer les choses.

En ce moment, épargner c’est perdre de l’argent.

Livret A, Livret Développement Durable : ces placements traditionnels sont “sécuritaires” car ils garantissent un rendement à taux fixe. Problème : désormais, leur taux est extrêmement bas - le taux du livret A baisse encore (0,5 %) à partir du 1er février 2020 ! - et surtout, inférieur à l’inflation. C’est à dire que le 31 décembre, même en compilant tous vos intérêts, votre livret A vaut moins qu’au 1er janvier précédent. On vous le dit : c’est le Livret Aaargh.

Les marchés financiers ont une rentabilité supérieure sur le long terme.
Sur les 30 dernières années, les actions ont gagné 461 %. Pour l’immobilier parisien, c’est 402 %, et seulement 135 % pour le livret A. Évidemment, le risque n’est pas le même.

Mais alors, si on veut investir sur les marchés, on fait comment ? Les ETF sont une des solutions.

ETF ? WTF ?

"ETF", ça ne vous dit rien ? C’est un produit financier pas du tout WTF qui est apparu dans les années 2010 et qui se développe de plus en plus.

Traditionnellement, lorsqu’on investit en bourse, on investit dans un placement de “gestion active” : un fonds plus ou moins diversifié, piloté par un gérant. Ce modèle a des limites, car : 

1) Il coûte cher :
ces fonds de gestion active facturent leur service : entre 2 et 3 % du montant investi.

2)
Il ne rapporte pas tant que ça : les gros fonds ont de plus en plus de mal à “sur-performer” par rapport au marché. Alors même quand ils promettent des performances élevées, ils ont du mal à délivrer.

Et sans vouloir accabler ces pauvres gestionnaires d’actifs, des scientifiques de Princeton ont montré que même des singes pouvaient atteindre un niveau de performance supérieure en gestion d’investissements 🐵...

Du coup, si on n’a envie de confier son argent ni à ces fonds spécialisés, ni à des singes, on fait quoi ? On suit le conseil de Warren (toujours dans les bons coups) en investissant dans des fonds indiciels, aka des ETF.

Ok Spoune, mais c’est quoi un ETF ?

C’est quoi le principe ? Ce qui coûte le plus cher dans la gestion de capital, c’est le salaire du gérant. Depuis quelques années, on distingue les fonds de gestion active (gérés par des humains) des fonds de gestion passive (gérés par des algorithmes) aux frais de gestion moins élevés. C’est notamment le cas des ETF, ou Exchange Traded Funds.

Comment ça marche ? Ils sont indexés sur les grands indices du marché (CAC40 en France, S&P aux US) mais aussi sur certains indices sectoriels (des indices qui réunissent les grandes actions bancaires, ou les grandes actions du secteur pharmaceutique, par exemple), dont ils répliquent le niveau de performance. D’où leur surnom de Tracker.

Et les perfs ? Comme ils sont accessibles à peu de frais (0,25 % des montants investis), ils rapportent souvent plus que la gestion active : sur certains fonds, les frais peuvent grignoter jusqu’à 44% de la performance !

Et le risque ? C’est toujours risqué d’investir sur les marchés. Mais les ETF répliquant le marché dans sa globalité, on suit le marché dans sa totalité et on évite de tout perdre parce qu’on a investi sur une entreprise qui, manque de bol, fait faillite.

Comment je me lance ?

1. La diversification des actifs :

La répartition des supports d’investissements (actifs risqués / non risqués / cash / secteurs variés) explique 90% du rendement de votre portefeuille, contre seulement 10% pour le choix du fonds, selon l’excellent livre Unconventional success.

Son auteur, David Swensen, est directeur des investissements de l’université Yale (l'une des plus riches institutions US) depuis 1985 !

N’investissez donc pas tout sur un ETF de niche spécialisé sur le whisky ou la marijuana...

2. L’étalement dans le temps :

Ne placez pas tout d’un coup. Vous ne voudriez pas tout investir dans le marché à la veille d’un krach.

Et quelques conseils qui valent toujours avant de se lancer dans un placement :

►  Attention au pigeon. Investir sur les marchés, c’est comme jouer au poker : si vous ne savez pas qui est le pigeon autour de la table, il y a de fortes chances que ce soit vous.

►  Méfiez-vous des bonnes affaires : à chaque fois que vous achetez une action parce que vous pensez qu’elle va monter, en face, il y a un vendeur qui pense qu’elle va baisser. Et il y a de grandes chances que ce soit un professionnel qui passe sa journée à ça.

►  Regardez les frais : si vous choisissez un ETF pour minimiser les frais de gestion, ce n’est pas pour le placer sur le compte-titres aux frais les plus élevés !

Crédits images : Fausto Montanari (illustration 1 et 3), Levi Jacobs (illustration 2)