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La finance peut-elle être écolo ?

Depuis que vous avez lu la théorie du colibri, vous avez énormément progressé en matière d’éco-responsabilité. Votre gourde isotherme ne vous quitte plus, vous avez adopté les cotons démaquillants lavables, vous avez fabriqué 2 fois de la lessive et du dentifrice et, cet été, vous êtes même partis en Vendée (et oui, c’était bien prévu avant le COVID).

Bref, vous n’avez pas lésiné sur les petits et grands gestes pour réduire votre impact environnemental. Mais…  et si vous aviez oublié l’essentiel ? Car même si vous faites le maximum pour être écolo et que vous faites des soupes à base d’épluchures de pomme de terre, pendant ce temps, à la banque... votre argent ruine complètement votre bilan carbone. En finançant par exemple l’exploitation pétrolière en Alaska ou la construction de centrales charbon en Chine…

Spoiler : votre argent est beaucoup plus sale que vous ne le pensez.

Dans la Spoune de cette semaine, on s’est penché sur l’impact environnemental de l’argent. Et, spoiler : oui, votre argent est beaucoup plus sale que vous ne le pensez. Pour vous le prouver, on va parler finance durable, empreinte environnementale des banques, et on essaiera de répondre à la question ultime : peut-on être à la fois durable ET rentable ? Réponse dans 5 minutes :)

Mon argent est-il sale ?

Quand on fait un bilan carbone, on commence par mesurer le plus évident : mode de transports, consommation, énergie, alimentation… Quand on additionne le tout ? On obtient le budget carbone d’un Français moyen : soit environ 11 tonnes par an.
11 tonnes ? Difficile de se rendre compte de ce que ça représente vraiment… Mais comme toujours avec ces indicateurs, le plus intéressant, c’est de comparer - en l’occurrence, comparer l’empreinte carbone de notre quotidien et celle de notre argent.

Si vous nous lisez depuis plusieurs mois, vous savez qu’on vous recommande d’avoir un matelas de 10K (par exemple sur une assurance vie ou sur un PEA) disponible quelque part en cas de coup dur. 10K qui dorment tranquillement sur un compte en banque ? On a du mal à voir en quoi ça pourrait polluer…

Et pourtant. L’argent que vous placez en banque finance des projets indispensables à l’économie, certes… mais polluants. Voire même parfois très polluants : en 2019, un rapport d’Oxfam et des Amis de de la Terre a tenté de calculer l’empreinte carbone des banques françaises. Résultat ? Si vous êtes dans une des 3 plus grandes banques françaises (Crédit Agricole, Crédit Lyonnais ou Société Générale), ces 10K pèsent…. à peu près 10 tonnes équivalent carbone. Soit pratiquement autant que l’impact environnemental de votre consommation annuelle… 😱

Comment c’est possible ? C’est la directrice RSE de BNP Paribas qui le dit :

“Les Banques financent le monde tel qu’il est”.

Et aujourd’hui, le monde pollue (puisque, comme l’explique très bien Loom, “produire, c’est polluer”). Et du coup, vos comptes en banque aussi…

À quel point exactement ?

La Nef, banque coopérative hyper engagée, a tout résumé dans ce schéma :

(Et si vous avez la flemme de faire le calcul et que vous voulez savoir où vous en êtes, il y a ce simulateur très bien fait).

À ce stade, vous devez vous poser la question : l’argent sale, d’habitude, ça se blanchit. Attendez 2 min avant de prendre un billet pour Nassau. Aujourd’hui, il s’agit pas de blanchir l’argent, mais plutôt de le verdir.

Mais au fait, est-ce que ça existe vraiment, les placements green ?

Comment blanchir (ou verdir) votre argent ?

De Monsanto à H&M, toutes les entreprises affichent leur désir d’aller vers un monde plus green. La difficulté ? C’est qu’il est parfois très difficile de démêler le bon grain bio de l’ivraie du greenwashing… Et c’est encore plus vrai avec ces placements réputés verts qui ne le sont finalement pas tellement :

Le livret DD

Rentabilité : ⭐️
Durabilité :
⭐️

Quand votre conseiller vous l’a proposé, ça avait l’air d’une alternative plus green et engagée au bon vieux livret A. Le hic ? Avec un taux de rémunération descendu à 0,50 % en 2019, le livret DD compense à peine l’inflation (0,40 % en 2020). Et en plus, il n’est même pas si green que ça : il finance à 80 % des PME sans aucun critère d’engagement ou d’éco-responsabilité.

La Finance Durable

Rentabilité : ⭐️⭐️⭐️
Durabilité : ⭐️

Larry Fink, le CEO de Black Rock, a beau soutenir mordicus à chacune de ses prises de parole en public que “la finance doit être durable”... Dans les faits, on n’y est pas encore.  Parmi les 7 800 milliards de dollars d’encours gérés par Blackrock (dont 129 milliards supplémentaires engrangés en 2020), 1 seul petit milliard est consacré aux investissements verts…

Les Labels

Rentabilité : ⭐️⭐️
Durabilité : ⭐️⭐ à ⭐️⭐️⭐️

Les fonds d’investissement, on aimerait que ce soit comme les oeufs au supermarché : quand il y a écrit “0”, on sait que c’est bio 🐣. En réalité, c’est un peu plus compliqué… Rien qu’en Europe, une dizaine de labels distingue les fonds dits “durables”. Sauf qu’aucun ne se fonde sur les mêmes critères. Exemple ? Le label français ISR, deuxième label le plus important en Europe avec 137,8 milliards d’encours, est aussi le seul à ne pas exclure les activités liées aux énergies fossiles… C’est-à-dire précisément celles qui font que votre argent pollue autant…

OK Spoune, mais l’investissement green est-il de ce monde ?

Oui. Le paragraphe précédent avait surtout pour but de vous alerter sur une chose : en finance comme au supermarché, quand on veut du bio, il faut se méfier des étiquettes… et creuser un peu. Ceci étant dit, on a fait le boulot de Cash Investigation à votre place, et voici donc quelques pistes d’investissements green que vous pouvez explorer les yeux (presque) fermés :

Les néo-banques vertueuses 💎

Par exemple la Nef, première banque coopérative de France et pionnier historique de la finance durable, ou encore Helios, initiative lancée en 2019 visant à créer l'alternative bancaire pour un futur durable.

Les labels hyper exigeants 🥇

Tournez vous vers les labels les plus exigeants comme Greenfin ou LuxFlag Climate Finance.

La pierre ! 🏡

Que ce soit l’ancien (déjà construit) ou le neuf (avec des normes énergétiques de plus en plus strictes), c’est clairement un des investissements qui a le moins d’impact environnemental. Et pour ça, on est là pour vous aider :)

Comment je me lance ?

On sait : vous aviez fait plein d’effort et vous pensiez sincèrement avoir ramené votre bilan carbone à un niveau acceptable (ou en tout cas inférieur à la moyenne)... et puis patatras, tout s’effondre à cause de vos (plus ou moins) maigres économies… Positivez : de toute façon, votre argent ne va pas devenir green à votre place. Et adopter les bons gestes au quotidien reste hyper important - ne serait-ce que pour l’exemple.

Continuez à faire le colibri, et choisissez peut-être mieux dans quoi vous investissez.

La pierre, par exemple, c’est toujours une bonne option :)

Crédits images : Huan Huan Wang (illustration 1), Kristina Rosomakho (illustration 2), Joanna Ławniczak (illustration 3), Davide Bonazzi (illustration 4)

L'évaporation de la penderie

Le monde d’après sera-t-il green ? Pas si sûr. D’abord parce que 15 pays d’Asie-Pacifique ont signé le mois dernier le plus gros accord de libre échange du monde - il concerne 2 milliards de personnes mais, pour autant, ne prévoit aucun volet environnemental ou sociétal. S’il n’est pas green, le monde d’après sera-t-il au moins démocrate et libéral ? Encore moins sûr puisque, selon la prévision économique 2050 de Bloomberg, les économies non-libérales représenteront 43 % du PIB mondial dans 30 ans (en 2000, c’était 12 %). Bref, pour les concurrencer, il va falloir  trouver mieux que le LDD...