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Pourquoi (et comment) payer ses impôts ?

Aujourd’hui, on n’a jamais été aussi heureux d’être Parisiens.

Vous habitez entre l’Ain (01) et la Corrèze (19) ? Aïe. Plus qu’une semaine, jusqu’au 24 mai, 23h59, pour déclarer vos impôts. Entre la Corse (aka feu le département n°20) et la Meurthe-et-Moselle (54) ? Ouille. Plus que deux semaines. Vous êtes à Paris, ou quelque part entre la Meuse (55) et Mayotte (976) ? Veinards. Vous pouvez encore attendre sagement l’appel du 8 juin, aka l’appel du Général Fisc, pour déclarer vos impôts au tout dernier moment — ce qui est évidemment, en la matière, toujours le meilleur moment.

Que vous attendiez le dernier moment parce que vous n’y comprenez rien ou parce que vous avez trop peur de vous planter, heureusement, Spoune est là avec une newsletter spéciale impôts dans laquelle on va à la fois vous guider — et vous faire relativiser.

Car si si, on vous assure : payer des impôts, c’est cool.

* Si vous nous lisez en décalé et que vous avez eu un petit oubli… Oupsie, ça se passe ici.

Merci Spoune mais je sais au moins une chose : des impôts, j'en paye trop

Vous payez des impôts ? Lucky you, vous faites partie des happy few. Eh oui, en France, seulement 44% des ménages paient l’impôt sur le revenu — les 56% restant ayant des revenus trop faibles pour être imposables. Alors, certes, depuis le prélèvement à la source, les impôts, on les paie toute l’année directement sur notre fiche de salaire. Mais ceci dit, vous préférez :

1. payer régulièrement un peu toute l’année ?

2. payer tout d’un coup en septembre, au retour de vacances (rarement le meilleur moment pour vos finances) ?

De notre côté, depuis les études de Daniel Kahneman sur la loi du pic et de la fin, on sait qu’on préfère un inconfort modéré sur une longue période à une douleur intense sur une petite période… donc #welovemensualisation.

Mais il n'y a pas que l'impôt sur le revenu, si ?  

Clairement, non : en 2022, l’impôt sur le revenu (IR) ne représentera que 28,2% des prélèvements de l’Etat. Au total, ceux-ci pèsent 310 milliards d’euros, répartis comme ça :

*Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques

Et avec 33,4%, le véritable impôt star de l’Etat, c’est bien… la TVA.

Deux taxes, deux ambiances

Entre l’impôt sur le revenu (IR) et la TVA, ce sont deux visions opposées de l’impôt qui s’opposent.

  • D’un côté, l’IR, aka l’impôt progressif. Plus on est riche, plus on paye, selon les tranches suivantes :

Source ici

  • De l’autre, la TVA, aka l’impôt à taux fixe… qui pèse mécaniquement beaucoup plus lourd dans le budget des plus modestes :

Source ici

Ok Spoune, mais ça commence quand même à faire beaucoup...

C’est la question star de tous les cafés du commerce : Paye-t-on réellement plus d’impôts en France qu’ailleurs ? Là encore, la question pourrait avoir l’air d’être vite répondue. Ce qui est sûr :

  • Au global ? Oui. Avec 47,4% du PIB, la France a le taux de prélèvement obligatoire le plus élevé d’Europe.
  • Pour les entreprises ? Oui. Même si l’impôt sur le résultat commercial est plutôt faible, les charges sociales situent la France parmi les pays à l’imposition la plus lourde en Europe pour les entreprises.

De quoi vous donner envie de filer aux States, Philoctète ? Ah, on a tous en tête ce cliché du pote à New York qui gagne deux fois votre salaire et paye deux fois moins d’impôts…

Bon calcul ? Quand on parle imposition, difficile d’éviter de mélanger les torchons et les serviettes. En France, par exemple, 60% de l’effort de redistribution de l’Etat passe par des prestations en nature : logement, école, transport, eau, électricité… autant de choses qu’on ne paie pas mais qu’on finance via l’impôt. Et qui nous évitent accessoirement, en cas de gros pépin de santé, que les choses tournent en mode Breaking Bad… (Vous avez encore un doute ? il y a ce site : À quoi servent mes impôts ?)

Les Etats-Unis, pays du zéro impôt ?

À New York en l’occurrence, il peut faire très, très mal : avec une “local tax” de 3,6% sur l’ensemble de vos revenus, vivre à l’année à Big Apple est un kif qui peut parfois chiffrer à plusieurs millions de dollars… Alors pour éviter de passer plus de 183 jours sur place, certains millionnaires se lancent dans d'incroyables parties de cache-cache en mode “Tax me if you can”. Et à ce jeu-là, chaque minute compte.

Bon, on oublie les US. D'autres idées ?

Il y a des pays où on ne paye pas d’impôts. Mais nous on est plutôt dans le camp qui pense que la vraie richesse, c’est la liberté de ne pas choisir votre lieu de vie en fonction de votre taux d’imposition.

En revanche, quelques pays ont imaginé des incitations fiscales un peu plus rigolotes pour attirer les contribuables. Parmi les spots où il fait bon payer ses impôts, il y a par exemple ceux qui vous offrent :  

  • Des goodies (en mode kickstarter) : au Japon, chacun est libre de payer sa taxe rurale où il le souhaite. Pour attirer les dons, certaines villes proposent du miel, des oranges ou du rosbif — quitte à les faire venir d’autres régions.
  • Une maison : en Sicile, à Detroit ou à Saint-Amand-Montrond, les municipalités offrent des maisons à 1 euro. On ne vous le cache pas : il y aura des travaux.  
  • Une maison, un jardin et un salaire : à Anticythère, île grecque paradisiaque, l’église orthodoxe locale vous file une maison, mais aussi un terrain et 500 dollars par mois. Bonus : vous ne serez pas dérangé par les voisins, ils ne sont que 20.

Bon c'est pas tout ça Spoune, j'ai une déclaration à remplir moi...

Votre déclaration ? Vu que tout est pré-rempli, il y a de grandes chances que ça vous prenne 5 min. Mais au cas où vous ne soyez pas sûr, voici quelques infos utiles :

C’est quoi mon salaire imposable ?

Le salaire qui apparaît sur votre déclaration ne correspond pas à votre brut annuel ? C’est normal : il ne faut pas confondre revenu brut et revenu net fiscal – qui apparaît séparément sur votre fiche de paie. Pour découvrir le vôtre, il y a ce simulateur.

À quoi correspond mon taux personnalisé ?

On en parlait plus haut : l’impôt sur le revenu est progressif et le taux d’imposition varie selon les tranches de revenu. Exemple si vous gagnez 45 000 euros brut :

  • Votre revenu net fiscal = 36 450 €
  • Impôts tranche 1 (<10 225) : 0% = 0 €
  • Impôts tranche 2 (de 10 226 à 26 070) : 11%*(26 070-10 226) = 1742,84 €
  • Impôts tranche 3 (de 26 071 à 74 545) : 30%* (36 450-26 071) = 3 113,7 €
  • Impôt total : 4 856,54 €

Votre taux personnalisé est donc une moyenne pondérée des taux qui s’appliquent aux différentes tranches de vos revenus (pour un aperçu plus précis, c’est ici).

À quel moment ajuster mon taux personnalisé ?

Soit en janvier après votre augment’ de fin d’année — pour éviter un rattrapage l’année suivante. Soit après un changement de situation (PACS, mariage, enfant…).

Quelle différence entre taux personnalisé et taux individuel ?

La différence s’applique si vous êtes en couple. En gros :

  • Taux personnalisé : le même taux s’applique aux deux conjoints, vous payez vos impôts 50-50.
  • Taux individuel : chacun a un taux différent et contribue proportionnellement à son revenu.

À noter : au final, la seule différence porte sur la répartition du paiement de l’impôt — pas son montant.

D’autres questions ?

Contrairement aux idées reçues, le service des impôts est ravi de répondre aux questions du contribuable. Dans tous les cas, n’oubliez pas les dates limites de déclaration — et oui, elles changent selon votre département :

  • Entre l’Ain (01) et la Corrèze (19) : 24 mai
  • Entre la Corse et la Meurthe-et-Moselle (54) : 31 mai
  • Entre la Meuse (55) et Mayotte (976) : 8 juin

L'autre rôle des impôts

Dans leur chanson mythique des 90’s, les Inconnus comparaient le Fisc à une horrible bande de vampires… Mais au-delà de la caricature, les impôts sont incroyablement importants. Ils mobilisent les ressources de l’Etat, modèrent les inégalités. Et surtout, ils pénalisent les comportements les moins vertueux. C’est le cas depuis longtemps avec l’alcool ou les cigarettes — produits dont la consommation a un coût pour la collectivité en termes de santé publique. Ces prochaines années, la fiscalité sera peut-être le seul levier qui contraindra les entreprises à prendre en compte les externalités environnementales — par exemple en taxant celles qui dépasseront un certain seuil d’empreinte carbone. Et qui sait… Peut-être qu’un jour, les impôts sauveront le monde…