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La peur du dividende

Avec un peu de retard, on a trouvé le monstre le plus flippant d’Halloween. Pire que le ver de terre géant d’Heidi Klum ou que ces films scientifiquement les plus flippants, on a nommé… le Grand Méchant Dividende. Attention, chiffre vraiment badant : au 2e trimestre 2022, en plein freak show du post-covid, de l’inflation et de la crise écologique, les entreprises françaises ont choisi de verser 44,3 milliards d'euros de dividendes — un record 😱
Flippant ? Forcément un peu. Alors, dividendes = danger ? Les dividents-de-requin sont-ils vraiment réservés à d’horribles actionnaires ultra-cyniques ? 

On fait le point. (Bouh !)

Dividents-de-requin ? Très en forme, Spoune...

Ça va pas mal, merci. Mais revenons quand même à nos cours d’éco de première. C’est quoi les dividendes ? De la même manière que le salaire rémunère le travail des salariés, les dividendes rémunèrent le capital investi par les actionnaires (comme les intérêts pour les prêteurs).

Le capital de qui, exactement ?
Aux premières heures du capitalisme, celui de métiers bien spécifiques. Exemple : les armateurs hollandais qui finançaient un clipper pour les Indes. Si le bateau coulait, ils perdaient tout. Si le bateau revenait, ils se partageaient les bénéfices à hauteur de leur participation au financement.  

Aujourd’hui ? Great news : plus besoin d’être armateur hollandais pour toucher des dividendes. Selon cette étude, les petits porteurs détiendraient entre 10 et 30 % du CAC 40, dont 7,8 % directement dans leur compte-titres ou leur PEA, le reste à travers des placements logés dans leur assurance-vie, par exemple. Tiens mais d’ailleurs… vous avez une assurance-vie ou un PEA, vous ? On dit ça…

Ah bah super Spoune, traitez-moi de gros capitaliste tant qu'on y est

La preuve ? Si on vous dit “boîtes les plus riches de la planète”, vous pensez :

  • Google ? jamais versé de dividende
  • Amazon ? jamais versé de dividende
  • Facebook ? premiers dividendes en 2018
  • Apple ? premiers dividendes 2012 (36 ans après sa création, même s’ils se sont bien rattrapés depuis)

Si les plus grosses boîtes du monde ont mis tant de temps à verser des dividendes, c’est parce qu’elles ont préféré un autre mécanisme pour attirer les investisseurs : à la place de distribuer leurs profits (et au passage de payer de l’impôt), elles préfèrent les réinvestir pour croître et augmenter la valeur de leur entreprise – et donc rémunérer leurs actionnaires à travers la plus-value.

Tu Spréfères - dividendes ou plus-value ?

Pour un investisseur, rechercher les dividendes ou la plus-value sont deux approches complètement différentes. 

Les dividendes 🍎

  • Fréquence : tous les ans, aussi longtemps que l’actionnaire détient le titre
  • Rendement potentiel : 2,3 % par an en moyenne (France 2021)
  • Profil d’entreprise : mature, croissance faible

La plus-value 🎢

  • Fréquenceone shot, au moment où l’on revend son titre
  • Rendement potentiel : +500 % pour Facebook ou Amazon entre 2013 et 2018
  • Profil d’entreprise : scale-up ou entreprise à fort potentiel de croissance

Pour résumer, on pourrait même dire que le dividende se base sur la performance passée (puisque l’entreprise distribue une part de son résultat effectif), tandis que la plus-value dépend surtout de la performance future de l’entreprise, telle que l’estiment les marchés (le meilleur exemple de ça étant… Tesla). 

Lequel faut-il préférer ?
Eh bien à un moment, investir dans des actions à dividendes était considéré comme très old school. En 2000, en pleine bulle Internet, un jeune Thomas Piketty s’interrogeait : est-ce la fin des dividendes ? À l’époque, les plus-values à 1 000 % de la nouvelle économie les ringardisent méchamment… Sauf que si l’ère des scale-ups accouche bien de quelques colosses, elle fait aussi pas mal de fails… 

Et pendant tout ce temps, il y en a un qui a continué à croire aux dividendes : Warren Buffet (oui sorry, encore lui) – pour qui ils sont le signe d’une entreprise saine, stable et rentable. À tel point que 61 % de son portefeuille d’actions est constitué d’entreprises à dividendes… Lesquelles ? Le détail de son portefeuille est juste là.

Tout le monde veut devenir un Dividend Aristocrat 🐈

Aux US, les Dividend Aristocrats regroupent les entreprises qui répondent à trois critères : hausse constante du dividende depuis au moins 25 ans, volume d’échange quotidien supérieur à 5 millions de dollars, capitalisation boursière supérieure à 3 milliards de dollars. Exemples ? Coca, McDonald’s… Des valeurs sûres, qui balancent du dividende sûr.

Pas mal Spoune, vous avez failli m’avoir. Mais bon les dividendes, ça reste quand même un gros privilège de riches et de patrons.

Évidemment, des sales histoires liées au versement des dividendes, il y en a plein : 

  • CumCum, sorte de tour de passe-passe géant par lequel les banques ont évité à leurs clients de verser environ 144 milliards d'euros en impôts à plusieurs Etats (dont la France).
  • La terrifiante histoire de la faillite de Toys’R’us, dont les investisseurs empruntaient pour se verser d’énormes dividendes tout en laissant mourir la boîte.
  • Les entreprises très profitables qui privilégient la rémunération des actionnaires au détriment de celle des salariés – le tout en plein contexte d’inflation et de hausse des prix de l’énergie… on est d’accord, c’est moche. 

Mais pour avoir un avis plus objectif sur les dividendes, il faut envisager la question de 3 points de vues : 

  • L’Etat : il préfère a priori avoir des entreprises qui payent des dividendes – l’entreprise paye 25% d’impôts sur ses profits, et les actionnaires jusqu’à 30% –  plutôt que des entreprises qui réinvestissent à mort pour éviter qu'elles-mêmes et leurs actionnaires ne payent des impôts (44,4 milliards de dividendes versés, ça fait quand même 14,8 milliards d’impôts sur les sociétés).
  • L’investisseur : c’est un arbitrage risque/rendement, mais il faut évidemment équilibrer entre placements risqués dans les entreprises à forte croissance et les placements plus sûrs dans des entreprises à dividendes. 
  • Le salarié : pour éviter de se retrouver dans une entreprise qui privilégie la rémunération du capital sur celle du travail (jamais agréable), mieux vaut préférer des entreprises qui proposent des programmes d’actionnariat-salarié (pour les grosses entreprises) ou de BSPCE pour les start-ups.

Conclusion   

Bon alors, est-ce que les dividendes sont un mécanisme réservé aux gros mastodontes du CAC 40 et autres S&P 500 ? On a fait un exercice : aller voir sur Lita.co, la ref’ de l’investissement durable, quels types de projets proposent des rémunérations en dividendes. Résultat ? Il y en a plusieurs, entre Bioburger, les tailleurs 17h10, les marques de vêtements engagées Patine ou Loom, l’investisseur immobilier ETIC ou le Social Bar. Comme quoi les dividendes peuvent servir à attirer les capitaux vers des projets vertueux qui privilégient un modèle sain sur une croissance déraisonée.

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