Sex, drugs et finances perso
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DĂ©solĂ© ! Ce titre est mensonger. On ne parlera dans cette Spoune ni sexe & finances perso (dĂ©jĂ fait), ni sexe & drugs (pour ça, allez plutĂŽt lĂ ). Non, le combo gagnant du jour, câest bien⊠drogues et finances perso.Â
On vous rassure, on ne va pas vous vanter les mĂ©rites dâune reconversion dans le narcotrafic. Mais quand on lit quâen France, la drogue fait vivre 240 000 personnes pour un CA estimĂ© entre 3,5 et 6 milliards dâeuros, il y a de quoi se poser la questionâŠÂ
Dâun point de vue Ă©conomique, dealer, est-ce vraiment une bonne situation ?
Warning : Vous le savez, Spoune adore sortir des sentiers battus. Aujourdâhui, on sâaventure une nouvelle fois dans un des coins les moins recommandables de l'Ă©conomie pour montrer que la logique Ă©conomique s'applique partout â ce qui ne veut Ă©videmment pas dire que lâon cautionne le trafic de drogues, Ă©videmment.
Parler de drogue quand on sâappelle Spoune ? SĂ©rieusement ?
Si on avait un seul conseil money-smart Ă vous donner, ce serait Ă©videmment celui-lĂ :Â
âNâachetez pas de drogue. Devenez plutĂŽt une rockstar, on vous en donnera gratuitement !â
STOP ! Avant toute rĂ©action hĂątive : ceci Ă©tait Ă©videmment une citation (gĂȘnante) de Love Actually. Car Ă©videmment, âDrug is all around usâ. Entre les opĂ©rations âkĂ€rcherâ, âplace netteâ et autre âgrand nettoyageâ, on le sait, la drogue est partout. Et câest Ă©videmment un flĂ©au, pour la sociĂ©tĂ© comme pour ses consommateurs. Selon cette Ă©tude, la drogue coĂ»terait chaque annĂ©e Ă lâadministration US :Â
- 11 milliards de $ en dĂ©penses de santĂ©Â âïž
- 61 milliards de $ en dĂ©penses de justice âïž
- 120 milliards de $ en perte de productivitĂ©âŠÂ đđœ
Soit une bagatelle de 193 milliards par an⊠Pas de doute, la drogue, câest une mauvaise affaire pour tout le monde. Mais est-ce aussi le cas pour ceux qui la vendent ?
Câest vrai que dans les films de mafia, on dirait souvent que caĂŻd, câest une bonne situationâŠ
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Lâimage la plus connue, câest Ă©videmment le Al Pacino de Scarface, transposition de lâhistoire dâAl Capone dans le Miami des annĂ©es 80. Et, au-delĂ de la fiction, câest vrai que certains barons de la drogue ont bĂąti des empires qui pourraient rivaliser avec les plus grosses entreprises du monde.Â
On pense bien Ă©videmment Ă Pablo Escobar, dont la petite entreprise, Ă son pic de 1989, affichait grĂące Ă un ROI de 20 000 % đ (pour 1$ investi, Escobar en rĂ©cupĂ©rait 200) un bilan qui avait tout des grands
Bon, on notera tout de mĂȘme un revenu par salariĂ© 20X plus faible chez Pablo que chez ArnaultâŠ
Et en France ? Avec 240 000 personnes en vivant et un CA de 3,5 milliards dâeuros, le secteur de la drogue rivalise largement avec les petites boĂźtes du CAC 40.Â
Bah vas-y Spoune, la drogue, une entreprise comme les autres, tant que vous y ĂȘtesâŠ
Câest pas nous, câest M̶u̶r̶p̶h̶y̶, euh, ou plutĂŽt Levitt (Steven) et Dubner (Stephen) (du gĂ©nialissime Freakonomics, rĂ©fĂ©rence majeure de la team Spoune) qui ont, les premiers, posĂ© la question.Dans le livre, Steven et Stephen sâinterrogent : si le trafic de drogue rapporte tant dâargent, pourquoi donc les dealers habitent-ils si souvent chez leurs parents ?AprĂšs tout, les quartiers de deal sont souvent des quartiers pauvres. Et lâimmense majoritĂ© des dealers est loin de rouler sur lâor. Dans le narcotrafic comme dans toute entreprise, il faut commencer en bas pour gravir les Ă©chelons petit Ă petitâŠLa question Ă©tant : entre le CAC et la Coke, au final, oĂč la rĂ©partition de la richesse est-elle plus juste ?Stephen et Steven prennent lâexemple dâun groupe de dealers de Chicago, dont la rĂ©munĂ©ration/jour est la suivante :
- Soldats : $3,30 (soit moins que le salaire minimum)
- Officiers : $7 (soit 2 fois plus que le soldat)
- Boss : $66 (soit 20 fois plus que le soldat)
Un boss qui gagne 20 fois plus que son salariĂ© le plus mal payĂ© ? Dans les entreprises des annĂ©es 1980, câĂ©tait la norme. Mais aujourdâhui, lâĂ©cart entre le plus haut salaire et le plus bas peut monter entre 300 et 450 foisâŠAlors, capital ou cartel, oĂč est le hold-up ? Il faut bien sĂ»r nuancer lâĂ©galitarisme relatif du cartel citĂ© par Freakonomics par un critĂšre non nĂ©gligeable : la probabilitĂ© dâĂȘtre arrĂȘtĂ© ou, pire, tuĂ©. Pour les trafiquants US, la probabilitĂ© peut monter jusquâĂ 1 chance sur 4 (contre 1/2000 pour les bĂ»cherons, mĂ©tier âofficielâ le plus risquĂ© aux US).Tout ça, en plus, pour un salaire de base infĂ©rieur au salaire minimumâŠ
Mais alors Spoune, les dealers seraient-ils des pigeons ?Â
Si on osait, on dirait quâon leur a jetĂ© de la poudre aux yeux⊠Et câest un peu le cas ! Les aspirants dealers sont victimes dâun phĂ©nomĂšne qui touche de nombreux autres domaines : lâillusion du succĂšs.La raison pour laquelle un petit trafiquant accepte un bas salaire est la mĂȘme que celle qui pousse un jeune diplĂŽmĂ© Ă accepter un stage mal payĂ©. Il accepte un salaire bas pour rentrer dans le âtournoi du recrutementâ. Dont voici les rĂšgles :
- Tout le monde commence tout en bas đ¶
- Il faut accepter de travailler beaucoup pour gagner peu đ
- Pour vraiment rĂ©ussir, il faut ĂȘtre trĂšs, trĂšs bon đïž
Dans tous les cas, la possibilitĂ© du bad trip nâest jamais trĂšs loinâŠDrogue rime aussi avec rogue (âescrocâ, en anglais). Si on a lâimage dâun trafic qui dĂ©truit la vie des junkies pour enrichir les dealers, la rĂ©alitĂ© est encore pire : la quasi-totalitĂ© des dealers aussi voient leur vie dĂ©truite par le trafic. Et au final, les rares personnes qui bĂ©nĂ©ficient du trafic sont les quelques caĂŻds au sommet de la pyramideâŠ