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Comment investir en période d'inflation ?

ELLE est revenue : on ne parle pas d’une créature flippante de Stephen King, mais de l’inflation. Un mot qui convoque en général deux types de souvenirs douloureux :

  • Les horribles maux de tête de vos premiers cours d’éco
  • Ces images de l’Allemagne des années 20 où les gens avaient remplacé les porte-monnaies par des brouettes…  

Sauf qu’aujourd’hui, l’inflation n’est plus seulement un mauvais souvenir : elle est bel et bien de retour. Mais c’est quoi exactement l’inflation ? Pourquoi revient-elle maintenant ? Est-elle vraiment le grand méchant loup de l’économie ?

Et surtout, concrètement, que faut-il faire de son argent au temps de l’inflation ?

Toutes ces questions, c’est le sommaire de la news du jour, et on se fixe un objectif : vous parler d’inflation sans vous filer de maux de tête (et rdv plus bas pour un quiz spécial Doliprane ®). 

L'inflation pour les nuls

D’ailleurs, à propos de Doliprane® : l’inflation, c’est beaucoup plus rock’n’roll que vous ne le pensez. Comme le disait Milton Friedman, son grand théoricien (true story),

“L’inflation, c’est comme l’alcool. Au début c’est marrant, mais c’est quand on en abuse que ça devient embêtant…” 

Mais ça… on y viendra plus tard. Commençons plutôt par la base. Au départ, l’inflation, c’est tout simplement la hausse des prix. On la calcule en faisant la moyenne de l’augmentation des prix pour une période donnée.

Exemple : 1 paquet de pâtes coûte 1,30 € le 1er janvier 2022. Avec 5 % d’inflation, le 31 décembre, il coûte désormais 1,365 € (soit 0,065 € d’augmentation).

  Parenthèse Doliprane ® #1

Attention, petit piège #1 : si l’inflation se traduit toujours par une hausse des prix, une hausse des prix n’est pas forcément une preuve d’inflation. Pourquoi ? Parce que la hausse des prix peut aussi refléter l’amélioration des standards technologiques. Par exemple, un smartphone coûte beaucoup plus cher aujourd’hui qu’en 2012. Mais ça, c’est surtout parce qu’il a plus de caméras…

OK Spoune, mais pourquoi est-ce que je n'ai plus entendu parler d'inflation depuis mes cours d'éco ?

Justement parce que depuis votre dernier cours d’éco, l’inflation avait presque disparu. Depuis la fin des années 90, elle évolue entre 0 et 2 % — soit un niveau hyper faible. Aujourd’hui ? En novembre 2021, elle a atteint 2,8 %, et pourrait monter jusqu’à 3,5 % d’ici l’été…

Si elle revient maintenant, c’est pour deux raisons principales :

  • L'augmentation de la demande — parce que les particuliers ont commencé à dépenser le pactole épargné pendant la pandémie (73 milliards d'euros pour la France en 2021). 
  • La faiblesse de l'offre et l’augmentation des coûts — parce que les entreprises ont moins produit pendant la pandémie et que, post-pandémie, les difficultés d’approvisionnement augmentent leurs coûts. 

  Parenthèse Doliprane ® #2

Attention, petit piège #2 :ça, c’est l’explication classique de l’inflation. Selon certains, ces deux raisons s’appliqueraient bien à l’inflation US (où elle a atteint 7 % en 2021), mais pas en France où la hausse des prix viendrait surtout de l’augmentation des prix de l’énergie, et non de l’ensemble des biens et services. Si cette théorie est vraie, l’inflation en France ne devrait pas être si gênante que ça.

Au fait, 3 %, est-ce que c’est beaucoup ? Pas tant que ça. En France, les courts épisodes inflationnistes des années 50, 70 ou 80 ont atteint 15 % annuels — ce qui était suffisant pour laisser de mauvais souvenirs aux économistes, mais encore très loin des pires taux d’inflation de l’histoire. Pour vous donner des exemples :

  • Allemagne 1923 : dans les restos, les prix changent toutes les 30 min et on paie l’addition avec des brouettes de billets.
    Taux d‘inflation mensuel : 29 500 % 
  • Zimbabwe 2008 : entre mars 2007 et novembre 2008, les prix doublent chaque jour. À la fin, même les billets de 100 millions ne valent plus rien…
    Taux d’inflation mensuel : 79 600 000 000 000 %
  • Hongrie 1946 : les prix doublent plus de deux fois par jour.
    Taux d’inflation mensuel : 4 190 000 000 000 000 000 %

Parenthèse Doliprane® #3

Mais pourquoi tant de zéros ?
À cause du cercle très très vicieux de l’hyperinflation. Comme tout le monde est convaincu que l’argent vaudra moins demain, on s’empresse de le dépenser. Mais comme l’offre de biens reste limitée, les prix montent. Pour que les gens puissent continuer à se nourrir, les banques impriment de la monnaie, etc… L’augmentation devient exponentielle et potentiellement infinie

Bon, en France, on est pour l’instant trèèès loin de l’hyperinflation. Mais au-delà de 2%, elle peut quand même commencer à gripper la mécanique économique, notamment à cause de son effet principal : en privilégiant l’emprunt au détriment de l’épargne. 

Concrètement ? Why the Spoune should I care ?

Quand même, il y a au moins une raison de vous intéresser à l’inflation. Grâce à elle, on connaît déjà le montant de votre augment’ de fin d’année : fin 2022, ce sera en moyenne 2,5 %.

Sérieusement, hein : en cas d’inflation, les entreprises provisionnent des augmentations pour préserver le pouvoir d’achat de leurs salariés et l’inflation entraîne donc toujours des hausses de salaire (merci qui ?) (et pour préparer dès maintenant votre négo de fin d’année, c’est là).

Autre raison ? C’est peut-être la plus importante : l’inflation modifie le rapport à l’épargne. On dit en général que l’inflation est mauvaise pour les épargnants mais bonne pour les emprunteurs.

  • Bad news pour les épargnants : leur pouvoir d'achat diminue. Avec la hausse des prix, l’argent mis de côté perd de la valeur. Exemple : en début d’année, les 100 € de votre livret A vous permettent d’acheter 77 paquets de pâtes à 1,30 €. En fin d’année, avec un prix à 1,365, vous ne pouvez plus en acheter que 74 (en comptant les 1 % d’intérêt). 
  • Good news pour les emprunteurs : c'est leur taux d'endettement qui baisse. Comme le salaire augmente mais que les mensualités restent les mêmes, proportionnellement, la dette représente une part moins importante du salaire. Votre prêt est de plus en plus facile à rembourser.

  Parenthèse Doliprane ® #4

L’épargne, c’est important. Il faut peut-être le rappeler : la bourse ne finance pas l'économie réelle. Ce n'est rien d'autrequ’une sorte de Le Bon Coin géant où les traders s’échangent des cartes Pokémon d’occasion — en l’occurrence, des actions.Ce qui finance l’économie, c’est l’épargne. Et en dissuadant les gens d’épargner, une inflation prolongée fragilise l’économie…

Bref, après L'Amour aux temps du choléra, voici donc L’Argent aux temps de l’inflation. Ou plus exactement…

Comment investir en période d'inflation ? 

On vient de le dire : l’inflation favorise les emprunteurs. D’abord parce qu’elle diminue votre taux d’endettement, mais ce qui est encore mieux, c’est quand vous utilisez la dette pour acheter un actif protégé à l’abri de l’inflation — comme par exemple votre résidence principale

Et si jamais vous avez envie de vous lancer, vous savez à qui penser.

(Attention : pour autant, l’immobilier n’est pas toujours l’arme ultime anti-inflation. Pour l’investissement locatif, c’est plus compliqué car les loyers sont encadrés et difficilement ajustables chaque année, même en cas d’inflation — et le rendement devient tout de suite beaucoup moins intéressant).

Mais si vous préférez placer votre argent, il va falloir :

  • Éviter les placements dont les rendements sont inférieurs à l’inflation (Livret A, PEL, certains contrats d’assurances vie)
  • Éviter les actifs adossés à des valeurs monétaires (ex: fonds euros, qui se déprécient avec l’inflation). 

Pour éviter les dépréciations, les investisseurs au temps de l’inflation se tournent en général vers les valeurs refuges — souvent des biens matériels qui ne sont pas sensibles aux variations monétaires. En voici une sélection.

Boite à Spoune - Édition spéciale valeurs refuges

Les traditionnelles

  • L’or : c’est la valeur refuge ultra-classique, échangeable partout, et dont le cours évolue à contre-courant de la bourse. Gros avantage : son cours ne descend jamais sous son prix de production #solide. 
  • Les objets d’art : pour mettre leur épargne à l’abri de l’inflation, certains achètent parfois des tapis persans, ou des antiquités : des biens dont la quantité est limitée et qui prennent de la valeur avec le temps. Et puis au moins, ça rend joli dans le salon. 
  • L’art contemporain : depuis 2000, le marché de l’art contemporain a été multiplié par 20. Pour ceux qui ont su flairer les talents émergents, ça a été un excellent placement. 
  • Le vin : selon l’indice iDealWine, depuis 2007, le montant total des ventes de grands crus a progressé de 124 % pour les grands millésimes de Bourgogne et de Bordeaux. Un trésor dort peut-être dans la cave de vos parents. 

Les plus funky 

  • Les sneakers : qu’on parle des Satan Nike de Lil Nas X ou même des sneakers Lidl, le marché de la basket de seconde main est en pleine explosion : estimé à 6 milliards de dollars en 2020, il pourrait atteindre 30 milliards de dollars en 2030. Et certains arrivent même à se faire 70 mille euros de marge sur juste une paire, comme ce britannique.
  • Les LEGO® : selon une étude, entre 1987 et 2015, investir dans les LEGO garantissait un rendement annuel moyen de 11 %... mieux que l’or ou les actions. 
  • Les forêts : c’est le placement de finance verte à la mode. Depuis 2015, les Groupements forestiers d’investissement permettent d’investir dans l’exploitation forestière française. Et avec ses remises sur l’impôt sur le revenu et facilité de transmission en cas d’héritage, les placements dans les forêts fleurissent

Bon, déjà, on espère que n’avez pas eu trop besoin de Doliprane ® (si oui, dites-le nous ici)… et surtout que vous avez compris que l’inflation n’est pas forcément synonyme de gueule de bois pour tout le monde. Si elle pèse sur l’épargne et le financement de l’économie, elle facilite l’accès à l’emprunt, et donc à la propriété… Alors c’est peut-être le moment de se lancer dans un nouveau projet ?