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Le coût de la transition

Le coût de la transition

À saisir : monde de demain, eco-friendly, carbon-free, organic, équitable, responsable… Tout ça avec une une promo de -80 % ! Alors dépêchez-vous, y’en aura pas pour tout le monde…

Trop cher, le monde de demain ? C’est vrai qu’il paraît si éloigné du nôtre que le coût du changement sera forcément exorbitant. Mais quel coût, exactement ? Et en a-t-on les moyens, ou pas ?

Aujourd’hui, Spoune vous donne les clés du monde de demain, et se posera aussi cette question : peut-on concilier responsabilité et rentabilité ? 

Dis Spoune, c'est quoi cette transition énergétique ?

Le monde de demain, c’est celui qui aura fait sa “transition”. Qu’on peut définir de deux manières :

  • Au sens large (comme la loi française) : “un mode de développement économique respectueux de l’environnement, à la fois sobre et efficace en énergie et en consommation de ressources et de carbone, socialement inclusif, soutenant le potentiel d’innovation et garant de la compétitivité des entreprises”.

  • Au sens réduit, avec un focus énergétique : “abandonner les combustibles fossiles au profit d’énergies renouvelables”.

En France, où l’on a un modèle social plutôt protecteur, on se focalise évidemment sur les aspects environnementaux. Or, l’économie décarbonée, on y est pas encore. Voilà à quoi ressemblait notre consommation énergétique en 2021 :

  • Nucléaire 40%
  • Pétrole 28% 
  • Gaz Naturel 15% 
  • Énergies renouvelables 14% 
  • Charbon 3% 

Seulement 14 % d’énergies renouvelables ? En comptant le nucléaire, notre économie est donc décarbonée à 54 %. Et pour arriver à 100 %, il va falloir mettre les bouchées doubles…

Ah oui ? Mais combien ça coûterait, cette transition énergétique ?

Eh bien, figurez-vous, pas si cher. Comme le dit Eva Sadoun dans Une économie à nous

“Les coûts à court terme de la transition sont dérisoires par rapport aux coûts d’un changement climatique non maîtrisé à moyen long terme”. 

Concrètement ? Selon Luis de Guindos, le vice-président de la BCE, ça coûterait 3 000 milliards de $ par an pendant 25 ans. C’est beaucoup ? Bof. Seulement 1,3 % de la richesse mondiale produite chaque année. Mais si ce n’est pas tant que ça, pourquoi on n’y va pas ? Peut-être parce que, pour l’instant, la crise environnementale ne coûte pas assez cher. Le coût moyen des évènements météo extrêmes sur ces 20 dernières années serait de 140 milliards de $ par an. 

Pas grand chose par rapport aux $3 000 Mds ? Sauf que. Le pourcentage de la population touchée par ces évènements devrait être multiplié par au moins 10 (selon l’Université d’Oxford). Et ces évènements devraient aussi arriver de plus en plus souvent… 

Si on résume : 

$140 Mds x augmentation population touchée (x10) x multiplication de l’incidence (disons entre x2 à x4 pour être large) = entre $2 800 et $5 600 Mds…

Bref, très rapidement, le coût de l’inaction sera au moins aussi élevé que celui de la transition… et ça ne devrait pas vraiment s’améliorer. 

Bon ! Mais du coup on a quand même le temps alors, non ?

Ah ! La tentation de jouer au passager clandestin est hyper forte. Surtout qu’entre l’investissement durable et l’investissement traditionnel, on a l’impression de choisir entre deux visions du monde… et, accessoirement, deux visions de la rentabilité

  • Le paradigme de la croissance (et de la plus-value) infinie
  • Le paradigme du Donut de la géniale Kate Raworth (regardez sa TED !), qui vise une zone comprise entre “minimum social” et un “plafond environnemental”.

La théorie du Donut : ni trop, ni pas assez.

Évidemment, ce deuxième scénario paraît plutôt tentant. Mais pour un investisseur ? Où est la fameuse “perspective de revenu accru dans le futur ?” Et donc, comment concilier responsabilité et rentabilité ?

Vous pensez que la question, elle est vite répondue ? Eh bah, plot twist ! Selon plusieurs études (Yomoni, ISR ou Banque Postale), depuis 2008, l’Investissement Social et Responsable (ISR) génère en moyenne 1,3 % de surperformance par an, soit +20% en plus sur la période par rapport au marché…

ISR, ISR, est-ce que j'ai une tête d'ISR Spoune ?

Pas mal, on kiffe la ref’. Mais à quoi ça ressemble, au juste, l’ISR ? Au-delà du nom (Investissement Social et Responsable, donc), c’est aussi un des labels qui distinguent les fonds financiers engagés pour la transition énergétique. Car des labels, il y en a plein et ils sont un peu 50 shades of green… 

Alors pour s’y retrouver dans la jungle des labels, Spoune prend sa machette et taille une trouée dans la forêt des labels verts : 

- ISR (oui c’est un concept MAIS c’est aussi un label)

  • 1 354 fonds labellisés
  • 783 Mds € d'encours 
  • Entreprises ayant démontré leurs pratiques responsables, sans exclusion de secteur (dont certaines du secteur des énergies fossiles)
  • green attitude : *

- Towards Sustainability

  • 771 fonds labellisés
  • 539 Mds € d'encours 
  • Entreprises aux stratégies de durabilité bien définies (à l'exclusion non stricte des secteurs du tabac, armes et énergies fossiles) 
  • green attitude : **

- Greenfin

  • 120 nombre de fonds labellisés
  • 22 Mds € d'encours 
  • Fonds contribuant effectivement au financement de la transition énergétique et écologique (sauf nucléaire, énergies fossiles, traitement des déchets sans récupération d’énergie) 
  • green attitude : ***

Comment on mesure cette green attitude ? On a repris le travail de Novethic, le spécialiste du secteur, qui a étudié la répartition des fonds labellisés entre les “articles 9” (les plus exigeants) et les “article 8” (moins exigeants, on en avait parlé dans cette Spoune).

Comparatif des exigences des labels

Résultat ? Le label Greenfin est le plus exigeant avec 77 % de fonds article 9. Et surtout : sur ces dernières années, il affiche 8 % de performance moyenne… comme quoi on peut être green ET performant. Par contre, il ne pèse que 22 Mds € d’encours, contre 783 pour l’ISR… ?

Ok Spoune mais si je ne veux pas investir dans un fonds ?

Pas convaincu ? Ou alors si vous êtes en mode François Hollande et que pour vous, l’ennemi, c’est la finance, d’autres options possibles : 

  • Investir sur Lita.co, pour investir directement dans des entreprises engagées pour la transition
  • Soutenir les Licoornes, ces entreprises coopératives qui veulent remplacer la course à la rentabilité par une redistribution plus équitable de la valeur entre salariés et actionnaires

Bon. Il serait peut-être temps d’oublier les vieux clichés, non ? Quand on regarde dans le détail, on s’aperçoit que OUI, on peut être responsable et performant. Mais malgré tout, le label Greenfin est 35 fois plus petit (en termes de volume financier) que le label ISR, pourtant bien moins vertueux… Alors, il serait peut-être temps de faire vraiment avancer la transition… et de voter avec votre portefeuille d’investisseur, non ?