Le prix du ticket de métro décrypté

À l’approche du sprint final vers les JO, c’est LA question que tout le monde se pose : en juillet, arriverez-vous à louer votre appart’ suffisamment cher pour pouvoir vous payer un pass Navigo en août ? 😱

On avoue, on est mauvaise langue. Oui, le comité d’organisation des Jeux avait initialement annoncé la gratuité des transports. Oui, ils ont finalement inventé le ticket de métro le plus cher de tous les temps à 4€…Mais attention : il y a une différence entre “cher” et “trop cher”. Car au fait, combien coûte vraiment un ticket de métro ?Ce prix record à 4€ mérite-t-il vraiment une médaille d’or de l’arnaque ? Spoune refait les calculs. ‍

Mais Spoune, 4€ ! Quand j’étais jeune, c’était à peine 1,40€… 

Evidemment, c’était mieux avant (sic). Sauf que la question n’est pas de savoir combien vous payez le ticket de métro – mais plutôt de comprendre combien il coûte vraiment ! Comme on l’avait vu à propos du vrai prix des choses, la loi de l’offre et de la demande suffit rarement à expliquer le prix sur l’étiquette…

Vous pensez que 4€, c’est indécent ? Et pourtant, ce n’est même pas encore assez. Un métro, c’est clairement un projet pharaonique : en moyenne, 1km de métro coûte 100 millions d’euros. Mais à NYC, la récente extension du Long Island Rail Road Projet a même coûté 3,15 milliards par mile, soit 2,18 milliards par kilomètre… 

Alors forcément, le prix de votre pass Navigo ne suffit par à amortir ça, ainsi que l'ont calculé Les Echos  : 

Prix : 86€
Prix réel par usager : 250€, financés comme suit : 

• 33% payés par les usagers
• 48% par les entreprises franciliennes de plus de 11 salariés
• 15% par les collectivités territoriales (aka les Franciliens)
• 2% par l’État (aka les Français)
• 2% par les pubs dans les métros et les contraventions  

Bref, en réalité, votre ticket T+ à 2,10€ en vaudrait non pas 4€… mais 6,30€. 

OK Spoune mais moi je roule en scoot’. Ça veut dire que je paye pour un truc qui ne me rapporte rien ?

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Potentiellement, si ! Vous êtes propriétaire à Paris ? Le métro vous fait peut-être gagner de l’argent, en valorisant votre patrimoine immobilier : un nouvel accès à un transport public fait bondir la valeur d’un bien de + 10% en moyenne. 

Et si vous êtes loin du métro ? Ça dépend ce qu’on appelle “loin”... Allez c’est parti pour “métro, boulot, spreadsheet” : on compare les pros & cons des métros d’ici et d’ailleurs. 

🇬🇧 MATCH #1 : Métro parisien vs le Tube londonien 

On commence par prendre l’Eurostar (à partir de 44€ en s’y prenant à l’avance), direction Londres et son oyster card qui vaut au moins le prix d’une perle rare.

Si Londres possède un gigantesque réseau qui permet de relativiser le prix so expensive de son ticket, Paris gagne haut la main le match de la densité. La preuve :

• 🇫🇷 À Paris, vous ne devriez jamais avoir à marcher plus de 9 minutes pour accéder à une station de métro
• 🇬🇧 À Londres, il vous faudra en moyenne 18 minutes. Sous la pluie, en plus. 

En revanche, les français n’ont aucune leçon à donner pour la gestion olympique : pour les JO de 2012, le métro londonien était entièrement gratuit pour tous les détenteurs de billets...

🥇 Médaille d’or : Paris hors JO, Londres version JO

🌴 MATCH #2 : Métro parisien vs celui de Marseille 

Oui, oui, il y a un bien un métro à Marseille. Mais la deuxième ville de France n’est pas exactement connue pour la qualité de son réseau….

Dix fois plus de voies ferrées, dix fois plus de stations, pour un prix dix fois moins cher ? Pas vraiment. Ils sont fada ou quoi à Marseille ?

🥇 Médaille d’or : Paris (et ils sont où les Marseillais ?)

🏎️ MATCH #3 : Métro vs la voiture‍

Quand Zazie prend le métro, Simone prend sa voiture. Mais a-t-elle raison ? On en a parlé dans notre Spoune sur l’évaporation du salaire : selon la théorie de la vitesse généralisée, si on intègre le temps passé à se payer une voiture dans le calcul de la vitesse de déplacement moyenne, la voiture fait moins vroum vroum que keuf keuf. 

Mais même sans ça, la voiture est un gouffre financier par rapport aux autres mobilités : 

• 170€/mois pour l’achat de la voiture
• 133€ pour la place de parking
• 106€ pour la maintenance 
• 88€ pour l’essence
• 31€ pour le péage
• 19€ de stationnement payant 

= 550€ mensuels, contre 86€ de pass Navigo. Gloups. 

🥇 Médaille d’or : le métro par KO. 

🚴🏻 MATCH #4 : Métro vs le vélo électrique

Quand vous partez de bon matin, c’est à bicyclette, mais avez-vous fait les comptes ? 

• 42€/mois pour l’achat
• 17€ pour l’assurance antivol, absolument indispensable si vous comptez utiliser votre vélo plus d’un jour ou deux 
• 27€ de maintenance 

= 86€ mensuels soit le prix exact du pass Navigo, un peu de sport quotidien en plus.

🥇 Médaille d’or : Ex-aequo

OK, tu m’as eu Spoune, je reconnais que ce bon vieux métro parisien n’est pas si mal que ça…

Bon, évidemment, rien n’est tout blanc ou tout noir. Il faut quand même ajouter quelques malus à ce métro que l’on avait tant envie d'encenser aujourd’hui.

💶 Métro boulot bobos

‍Le métro, lieu de mixité sociale ? Raté : le métro parisien est majoritairement pris par… des cadres. Tout simplement parce qu’il y a bien longtemps que les usines ont quitté la capitale. Et les ouvriers avec elles. ‍

😇 Mieux que 4€ : gratuit !

Le point commun entre Dunkerque, Compiègne et Montpellier ? Ces villes proposent la gratuité des transports ! Elles ont quelques très bonnes raisons de le faire : 

• L’égalité sociale : permettre à tout le monde de se déplacer en ville, c’est une belle idée, non ?
• L’écologie : ça encourage à laisser la voiture au garage 
• L’économie locale : plus de gens dans le centre-ville, c’est plus de business pour les petits commerces 
• Anti-stress : plus de sueurs froides en apercevant les contrôleurs (avec ou sans ticket en poche, tmtc)

L’argument des villes qui refusent de tester la gratuité ? C’est de dire que si les plus pauvres sont déjà aidés sur leurs dépenses de transport, pourquoi se priver des recettes de ceux qui peuvent payer…