L'économie de la dernière minute

Votre téléphone vibre : colis disponible au point relais. Super… mais quel colis au fait ? S’il vous a fallu plusieurs minutes pour vous en rappeler, c'est qu'a priori, votre achat n’était pas très raisonné. Ne rougissez pas, ça arrive aux meilleurs. Même quand on fait du shopping, il faut que ça aille vite, toujours plus vite. Et on réfléchit moins, toujours moins. Alors aujourd’hui, Spoune s’attaque aux pièges du quotidien qui vous pressent d’acheter tout, mais surtout n’importe quoi, là, tout de suite, maintenant !!!


Notre Spounsor du jour : Mon Petit Placement

On écrit Spoune avec le 🧡, mais on ne vit pas seulement d’amour et d’eau fraîche.

La retraite bien péPER

S’il y a bien un sujet qui ne se prépare pas à la dernière minute… c’est bien la retraite ! Surtout quand on sait les incertitudes qui pèsent sur le système actuel 😅Heureusement, après avoir convaincu des milliers de Français de se mettre à l’assurance-vie, MonPetitPlacement lance sa nouvelle offre de Plan Epargne Retraite : frais parmi les plus bas du marché, rendement de 4,3 % en 2023, accompagnement personnalisé… En plus, avec le code SPOUNE50, ils vous offrent 50 euros à l’ouverture d’un compte jusqu’au 31 décembre. Sans oublier le gros avantage du PER : la possibilité de défiscaliser 10 % de vos revenus. Alors n’attendez pas !

Mais Spoune, pourquoi est-on devenu si pressés ?

Vous connaissez sans doute ce graphique : idéalement, tout devrait être “good, fast and cheap” :

Sauf que les trois à la fois, ça n’existe pas… et on se retrouve donc souvent à confondre vitesse et précipitation quand on fait nos courses. Alors même que l’idée de perdre d̶e̶ ̶l̶'̶a̶r̶g̶e̶n̶t̶ du temps est devenue la hantise numéro 1 des temps modernes. D'ailleurs, si l’on demande aux Français ce qui les empêchent de réaliser leurs projets, ils répondent le manque de temps (58%) bien avant l’argent (46%) ou l’énergie (44%).

Bref, comme le temps est parfois plus précieux que l’argent, certains préfèrent acheter vite pour gagner du temps… quitte à perdre de l’argent.

D’un certain côté… tant mieux pour l’économie ! Dans les 50’s, on pouvait déjà lire dans le Journal of Marketing :

“Si on achetait que ce qu’on avait prévu, l’économie s’effondrerait.”

Sauf qu’avec Internet, tout s’est accéléré. Notamment en 1999, quand un libraire en ligne dépose une invention qui vient ringardiser les plus fines stratégies de merchandising : le fameux “1-click” d’Amazon. Jusqu’en 2017, la fonction était brevetée. Depuis, elle s’est généralisée un peu partout…

Alors pas étonnant si vous ne vous rappelez même plus avoir commandé ce fameux colis…

Ok Spoune mais acheter au dernier moment, c’est aussi la meilleure façon de faire des économies, non ?

C’est vrai qu’il y a un secteur, grand spécialiste de la dernière minute, qui adore nous laisser le croire : on parle bien sûr du tourisme et cette promo Paris-Djerba pour 20€ qui clignote en jaune fluo sur votre écran.

Les voyagistes ont même un petit nom pour les chasseurs de bon plans ou autres désorganisés des congés payés (qui représentent près de 50 % des Français, tout de même) : les VDM, pour V̶i̶e̶ ̶d̶e̶ ̶m̶e̶r̶d̶e̶ Voyageur de Dernière Minute.

Et ils ont plein de raison d’attendre :

• Peur de s’engager trop longtemps à l’avance (il faut dire, le covid a laissé un goût amer)
• Tendance à procrastiner
• Quête de la promo du siècle

Qui n’a jamais googlisé “meilleur jour de la semaine pour réserver un vol” jette la première pierre : l’opacité des prix des billets (d’avion en particulier) a fait de nous des boules d’anxiété quand il s’agit de réserver nos vacances.

Car depuis les années 80, le secteur de l’aviation est régi par le Yield management. Vous savez, cette technique commerciale qui fait baisser et monter les prix en fonction de l’offre et de la demande (et de plein d’autres choses). Pour réserver un train, une chambre d'hôtel ou un Uber, pas moyen d’y échapper.

Heureusement pour notre santé mentale, le prix de la baguette, lui, ne varie pas au cours de la journée…

Et donc ? Dernière minute or not dernière minute ?

Pour les billets d’avion, on a un scoop : LE meilleur moment pour réserver votre billet d’avion et payer le moins cher possible : c’est 2 mois avant de partir, ni plus ni moins. Plus précisément :

• entre 70 et 90 jours avant pour un vol intérieur (augmentation forte 33 jours avant)
• entre 70 et 78 jours avant pour un vol international (augmentation forte 50 jours avant)

Et pour les colis ? Là, il vaut clairement mieux appliquer la méthode BISOU avant de valider votre panier. Pour rappel, la méthode BISOU c’est :

• B comme Besoin : avez-vous vraiment besoin ?
• I comme Immédiat : est-ce que l’achat peut attendre ?
• S comme Semblable : avez-vous un objet similaire ?
• O comme Origine : où a-t-il été fabriqué ?
• U comme Utile : est-ce vraiment utile ?

La preuve ? Il n’y a qu’à regarder le business florissant des revendeurs de colis non réclamés : des entreprises qui rachètent les colis perdus et les revendent façon pochette surprise, entre 20 et 14€ le kilo. Bon, spoiler : on finit plus souvent avec une chaîne de vélo qu’avec un iPhone 15…

Et sans surprise, 80 % et 90 % de ces colis proviennent de plates-formes comme Shein ou AliExpress, aka les experts dans le business de l’achat impulsif.

Ok ok promis Spoune, on tournera 6 fois notre CB dans notre portefeuille avant de l’ouvrir…

Excellente idée ! Car non seulement vous risquez de ne faire que des achats qui vous font VRAIMENT plaisir (et qui limitent votre bilan carbone) mais vous (re)découvrirez aussi le doux frisson de l’anticipation. Selon l’économiste comportemental Dan Ariely, la satisfaction retirée de vos vacances est la somme de trois moments :

avant (anticipation) + pendant (séjour) + après (nostalgie)

Et toujours selon Ariely, l’anticipation pourrait booster le niveau de kiff lié à vos vacances, en vous aidant à fabriquer 14% de dopamine en plus ! Bah alors ? Vous attendez quoi pour booker vos vacances d’été ?Conclusion ? Bon, comme le capitalisme a le don de trouver des solutions aux problèmes qu’il a lui-même créé, il existe déjà tout un pan de l’économie dévolu à cette injonction à calmer le jeu : slow food, slow fashion, slow travel, il y en a pour tous les goûts. Eh oui : perdre du temps, désormais, ça s’achète aussi…