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À quoi servent les banques ?

La banque, c’est un peu comme votre premier sport : vos parents vous y ont inscrit sans que vous ne l’ayez vraiment choisi. Et puis un jour vous remarquez une petite ligne de votre relevé de compte, avec des frais tout à droite. Et vous vous posez la question : payer pour accéder à son propre argent, est-ce vraiment logique ?

Au fond, ai-je vraiment besoin d’une banque ?

Avant de la jouer Into The Wild et de découper sauvagement vos cartes bleues, on va quand même faire le point sur le vrai rôle de la banque.    

Vivre de cash et d'eau fraîche ?

La vie 100 % cash, c’est l’option choisie par 1 % des Français (et encore, ce chiffre date de 2017). L’avantage ? A priori, le patron du café d’en bas — celui qui ne prend pas la carte en dessous de 15 euros — devrait vous adorer. Mais pour le reste, c’est limité. En France, les dépenses en liquide sont plafonnées à :

  • 3 000 € pour les achats
  • 300 € pour les impôts
  • 1 000 € pour les prestations pros

Autres limites ? La tendance est à la dématérialisation : à la sortie du premier confinement, le montant des paiements sans contact a augmenté de 120% en France. Sans compter tous ces services qui privilégient le paiement en ligne (aller acheter son billet à un guichet SNCF… #soXXemesiècle).

Et de toute façon, à partir de 1500 € de salaire mensuel, la loi vous impose d’avoir un compte en banque.

La vraie fonction de la banque : financer le futur

La première mission des banques, en réalité, ce n’est pas seulement de vous donner accès à l’argent dont vous avez besoin aujourd’hui, mais plutôt à l’argent dont vous avez besoin pour demain.

Prêter 100 balles à un pote ? Techniquement, vous frôlez l’illégalité : seule la banque a le droit de prêter de l’argent. Elle est aussi la seule à pouvoir à la fois recueillir des dépôts ET prêter de l’argent (contrairement aux sociétés de financement qui ne font que prêter, et aux néobanques qui ne font que recueillir — on en reparle plus bas).

En théorie, la banque prête aux uns l’argent que les autres lui confient — c’est ce qu’on appelle l’équilibre prêts-dépôts. Quand Albus dépose de l’argent à la banque, celle-ci le réinvestit dans les prêts accordés à Hermione, Harry et Ron. L’argent des dépôts à court terme se transforme en prêts à long terme… Bidibabidibou, ça s’appelle la transformation monétaire, et c’est ce qui finance :

  • les prêts immobiliers
  • l’investissement pour les entreprises

Cependant, si Albus revient le lendemain pour retirer cet argent, la banque doit pouvoir le lui rendre sur le champ. Comment elle fait ? Par un petit tour de magie dont elle seule a le secret : la loi des grands nombres. Elle s’assure d’avoir suffisamment d’Albus qui ne vont pas tous retirer leur argent en même temps. L’autre pouvoir magique de la banque c’est la création monétaire. Par un simple jeu d’inscription, elle peut écrire un montant sur un compte en banque et paf : ça fait des chocabriques !

Euh...pourquoi la banque a ce pouvoir magique et pas moi ?

Le monopole bancaire existe (depuis longtemps) parce qu’il est bénéfique à l’Etat. Grâce à la création monétaire, la banque peut financer les entreprises. Et donc faire tourner l’économie…  

MAIS

All magic comes with a price : en retour la banque doit respecter l’équilibre prêts-dépots, à hauteur de 10,5 %. En gros, si la banque possède 10,5 millions dans son coffre, elle peut au total en prêter 100. C’est ce qu’on appelle le ratio de solvabilité bancaire.

D'où sort ce 10,5% ?

Du comité de Bâle, aka l’ONU de la finance qui rassemble les superviseurs de 27 banques centrales. En 2010, le comité a publié la troisième version de sa réglementation Bâle, pour prévenir les dérives constatées lors de la crise de 2008. Avant ça, le ratio de solvabilité n’était que de 8%. Et parce que nous savons que nos lecteurs sont des pointures, nous préférons prendre les devants : oui, c’est beaucoup, beaucoup plus compliqué que cela dans la réalité, et tous les fonds propres ne sont pas faits pareils. Et même si chez Spoune notre mission c’est de dire clairement ce qui est compliqué, l’explication du détail du calcul du ratio de solvabilité a résisté à toutes nos baguettes magiques.

OK Spoune... Mais mon argent est-il vraiment safe à la banque ?

Eh bien la réponse devrait vous intéresser : c’est un peu oui… mais non.

Si la banque n’inspire plus confiance, elle s’expose au risque de “bank run”, ou ruée bancaire : ces moments où, paniqués, tous les clients d’une banque demandent à retirer leurs liquidités… sans qu’elle ne puisse les rembourser. Il y a eu plusieurs épisodes célèbres dans l’histoire.

  • Panique de 1797 au Royaume Uni, suite aux rumeurs d’invasion napoléonienne ;
  • Panique des banquiers de 1907 : - 50 % en une journée à la bourse de New York ;
  • 1920’s : banque Villa, sombre histoire de Roquefort dans l’Aveyron ;
  • Mais aussi en Argentine en 2007, au UK en 2007 avec Northern Rock ou encore en 2008 avec IndyMac aux US…

Bref : ça arrive quand même de temps en temps… Et souvent les rumeurs sont auto-réalisatrices. Alors pour éviter ça, en Europe, les dépôts sont garantis à hauteur de 100 000 € — mais pas plus. Donc si votre banque fait faillite, l’Etat vous remboursera 100 000 € — c’est déjà ça.J’ai quand même compris un truc : avec les intérêts, la banque se fait de l’argent sur de l’argent qu’elle n’a même pas… et en plus, je la paye ?

Non mais what the Spoune ?!?

Oui, la banque se rémunère grâce aux intérêts de l’argent qu’elle prête. Mais vous aussi : c’est tout le principe de l’effet de levier, dont on avait déjà parlé ici. Ensuite, concernant les frais… c’est comme au resto : parfois le service n’est pas inclus.  En moyenne, en France les frais bancaires représentent 170€ par an, comme dans le reste de l’UE. Alors il ne vous reste plus qu’à…

Mais alors qu'est-ce-qu'il y a de néo dans les néobanques ?

Avoir un compte et une carte bancaire, c’est l’option néobanque. Toutefois, les néobanques ne sont pas des banques… Parmi les différences, elles :

  • ne prêtent pas d’argent,
  • n’autorisent pas les découverts (ça reviendrait à vous accorder un crédit),
  • ne rémunèrent pas l’argent que vous placez chez elles,
  • sont moins chères que les banques traditionnelles — mais proposent des formules premium qui peuvent revenir plus cher que les banques traditionnelles...

Leur business model est avant tout basé sur des produits de paiement : type carte bleue, avantages chez des partenaires. 

Le tout ? C’est de savoir si vous préférez la jouer perso ou collectif. En mettant votre argent chez une néobanque, il ne sera pas réinvesti dans la société. Si on fait tous ce choix-là, il n’y aura plus d’argent dispo pour le prêter #findumonde. Or, quand la banque vous accorde un prêt, c’est grâce au risque pris par le collectif… Bref, plus on est de fous, moins on risque !

Choisir la banque qu'il vous faut

Tant qu’à payer, autant que ça corresponde à vos besoins. On peut quand même distinguer quelques options :  

Les grandes banques : le choix classique

Les néobanques : le choix économiques

On vous a déjà tout dit au-dessus :)

Les banques éthiques : le choix engagé

On en avait parlé ici : certaines banques font de l’engagement un argument de vente

Quelques exemples :

  • Helios investit dans l’énergie solaire ou la mobilité hydrogène et fournit une carte bleue en bois (eh oui).
  • GreenGot protège 10m2 de forêt tous les 10 euros dépensés. Enfin ils le feront quand ils se seront lancés.
  • La Nef  propose des comptes épargne ou des prêts en garantissant un financement 100% éco responsable.

Dans tous les cas, comme le disait le Crédit Lyonnais à l’époque :
votre banque vous doit des comptes”. Alors vérifiez toutes les petites lignes qu’elle vous facture… et à vous de voir si la confiance s’installe.

Vivre sans banque ? C’est contraignant mais c’est possible. En revanche, vous vous privez de ce à quoi les banques servent vraiment… c’est-à-dire financer votre avenir.

Crédits images : Blok Magnaye, Benjamin Flouw

L'évaporation de la penderie

On ne prête qu'aux riches ?

Aussi aux simili-riches : Anna Sorokin, aka Anna Delvey dans la série que Netflix lui a consacrée, a réussi à emprunter énormément d’argent aux banques en se faisant passer pour une riche héritière allemande. Pour les convaincre, elle avait une méthode imparable : claquer du fric. Finalement, elle est dénoncée par une amie (à qui elle avait aussi emprunté des milliers de dollars). Anna est condamnée à 12 ans de prison pour escroquerie, grand banditisme et crime organisé. En tout cas, on a bien retenu la leçon : on aura une Rolex au poignet lors de notre prochain RDV avec le banquier.